Cameroun : l’inculpation d’un leader séparatiste aux États-Unis fait réagir un avocat engagé


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Justice, Tribunal
Tribunal (illustration)

La justice américaine a récemment inculpé Éric Tano Tataw, militant séparatiste camerounais basé aux États-Unis, pour son soutien présumé aux groupes armés anglophones. Une décision saluée par l’avocat Emmanuel Nsahlai, engagé depuis des années contre les financements étrangers de la rébellion.

La récente mise en accusation d’Éric Tano Tataw par la justice américaine pour son soutien présumé aux groupes séparatistes anglophones au Cameroun résonne comme un tournant dans la gestion judiciaire internationale de la crise anglophone. Emmanuel Nsahlai, avocat camerouno-américain très impliqué dans la lutte contre les financements extérieurs de ces mouvements, salue cette avancée mais déplore son caractère tardif. Pour lui, l’inaction des autorités occidentales a coûté des milliers de vies.

Une procédure tardive mais décisive, selon Me Nsahlai

Établi aux États-Unis, Me Emmanuel Nsahlai n’a eu de cesse, depuis 2018, d’alerter les autorités américaines sur les activités en ligne et les appels à la violence lancés par Éric Tano Tataw, figure de proue de la diaspora séparatiste camerounaise. Ce dernier, connu sous le pseudonyme de « Garri Master », a été inculpé fin avril à Baltimore pour complot en vue de fournir un soutien matériel à des groupes armés en zone anglophone. L’avocat se félicite de cette mise en accusation, mais regrette qu’elle n’intervienne qu’après des années d’inertie. « C’est inacceptable », insiste-t-il, rappelant qu’il a dû intenter une action en justice contre le gouvernement fédéral américain afin d’accélérer les procédures.

Depuis l’éclatement de la crise anglophone en 2016, plusieurs leaders en exil comme Tataw ou Cho Lucas Ayaba ont utilisé les réseaux sociaux et les campagnes de financement participatif pour soutenir la lutte armée en faveur de l’« Ambazonie ». D’après Me Nsahlai, ces actions ont alimenté la violence sur le terrain, avec des conséquences dramatiques pour les populations civiles. Il fustige également l’indifférence des pays hôtes vis-à-vis des activités subversives menées depuis leur territoire.

Un message fort aux soutiens des groupes armés

Pour de nombreux observateurs, l’inculpation de Tataw marque un signal important. Même si son influence s’est estompée au fil des ans, l’acte judiciaire envoie un avertissement clair à ceux qui, depuis l’étranger, continuent à orchestrer ou financer des actions violentes. Arey Elvis Ntui, analyste à l’International Crisis Group, souligne que cette démarche américaine, bien que tardive, montre qu’aucun acteur n’est à l’abri de devoir rendre des comptes.

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