Burkina Faso : quatre jours fériés supprimés pour réduire les dépenses publiques


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Ibrahim Traoré, président du Burkina Faso
Ibrahim Traoré, président du Burkina Faso

Au Burkina Faso, le gouvernement a annoncé la suppression de quatre jours fériés afin d’alléger la charge budgétaire de l’État. Présentée comme une mesure de rationalisation, cette réforme permettra d’économiser près de 17 milliards de francs CFA par an. 

Le gouvernement burkinabè a décidé de réduire le nombre de jours fériés chômés et payés, une mesure justifiée par la nécessité de soulager un budget d’État déjà fortement contraint. Présenté en Conseil des ministres le 11 septembre 2025, le projet de loi prévoit la suppression de quatre jours fériés, une décision qui devrait permettre d’économiser près de 17 milliards de francs CFA par an.

Une mesure motivée par le coût économique des jours chômés

Selon une étude menée par le ministère de l’Économie et des Finances, chaque jour férié coûte en moyenne 4,22 milliards de francs CFA au Trésor public. Pour l’année 2025, la dépense totale liée aux jours chômés et payés dépasserait 67 milliards de francs CFA, soit plus de 100 millions d’euros. Face à cette charge jugée excessive, le gouvernement a choisi de réduire de 15 à 11 le nombre de jours fériés officiels.

Les journées concernées sont la commémoration du soulèvement populaire du 3 janvier, la proclamation de l’indépendance le 5 août, la journée des martyrs du 31 octobre, ainsi que le lundi de Pâques. Les trois premières ne disparaissent pas totalement du calendrier national : elles sont désormais reclassées en journées de commémoration et de recueillement.

Ces journées resteront travaillées, mais sous un format particulier : des horaires continus et resserrés, permettant aux travailleurs de terminer plus tôt. Les modalités précises seront fixées ultérieurement par les ministères concernés.

Entre impératif budgétaire et mémoire nationale

Le gouvernement met en avant une logique de rationalisation économique. En supprimant quatre jours chômés et payés, il espère récupérer environ 16,88 milliards de francs CFA par an au profit du budget de l’État. Cependant, cette mesure soulève aussi des questions symboliques. En reclassant des dates historiques telles que l’indépendance ou la journée des martyrs, le pouvoir opère un délicat équilibre entre impératifs financiers et devoir de mémoire.

Depuis plusieurs années, le Burkina Faso est confronté à de multiples défis : insécurité croissante, pression budgétaire et ralentissement économique. Dans ce contexte, le gouvernement cherche à dégager des marges de manœuvre financières sans alourdir davantage la charge fiscale. La réduction du nombre de jours fériés apparaît ainsi comme un compromis, au prix toutefois d’une reconfiguration du calendrier national et de la manière dont le pays commémore ses grandes dates.

Maceo Ouitona
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Maceo Ouitona est journaliste et chargé de communication, passionné des enjeux politiques, économiques et culturels en Afrique. Il propose sur Afrik des analyses pointues et des articles approfondis mêlant rigueur journalistique et expertise digitale
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