Burkina Faso : le visa désormais gratuit pour tous les Africains


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Ibrahim Traoré, président du Burkina Faso
Ibrahim Traoré, président du Burkina Faso

Le gouvernement burkinabè vient de décréter la gratuité du visa d’entrée pour tous les ressortissants africains. Une décision qui inscrit le Burkina Faso dans le rang des pays africains les plus engagés sur le chemin d’un panafricanisme concret et d’une véritable intégration régionale.

Le Burkina Faso a franchi une étape importante dans sa politique panafricaniste. Le 11 septembre, à l’issue du Conseil des ministres présidé par le capitaine Ibrahim Traoré, le gouvernement a annoncé la gratuité des visas pour tous les ressortissants africains. Désormais, tout Africain désireux de se rendre au pays des Hommes intègres devra toujours solliciter un visa, mais sans en supporter le coût.

Une mesure politique et panafricaniste

Le ministre de la Sécurité, Mahamadou Sana, a précisé que cette mesure ne supprime pas l’obligation de visa, mais abolit les frais jusque-là exigés. Selon le ministre, l’initiative s’inscrit dans la « vision panafricaniste » du chef de l’État burkinabè, soucieux de raffermir les liens de fraternité historique entre les peuples du continent.
« Désormais, tout ressortissant d’un pays africain désirant se rendre au Burkina Faso ne déboursera aucune somme pour s’acquitter des frais de visa », a déclaré le ministre, insistant sur la volonté du pays de renforcer la libre circulation des personnes et des biens.

Le décret s’applique aux ressortissants des 54 États africains reconnus, incluant Madagascar mais excluant les territoires non souverains. Cette ouverture vise autant la symbolique de l’unité africaine que la facilitation concrète des mobilités.

Avant : un coût élevé pour les voyageurs

Jusqu’ici, pour entrer au Burkina Faso, il fallait payer des frais parfois dissuasifs. Le visa touristique à entrée simple coûtait environ 84 euros, tandis qu’un visa d’affaires à entrées multiples pouvait atteindre 183 euros. Des frais consulaires et des coûts liés aux plateformes intermédiaires venaient alourdir la facture.

En supprimant ces dépenses, Ouagadougou offre un signal fort. L’allègement des charges financières devrait encourager les voyages professionnels, les séjours touristiques et les échanges culturels, tout en réduisant les obstacles aux mobilités étudiantes ou associatives.

Intégration africaine et sécurité

Le Burkina Faso n’abolit pas totalement les visas : les procédures de demande, le contrôle des documents et la vérification à l’entrée restent en vigueur. Ce maintien garantit que la sécurité nationale n’est pas affaiblie, tout en supprimant les barrières financières. La décision burkinabè rejoint les efforts de l’Union africaine et de plusieurs pays qui, ces dernières années, ont entrepris de faciliter la circulation interafricaine. Il s’agit par exemple du Bénin ou encore du Rwanda où le visa a été supprimé pour tous les ressortissants africains désirant se rendre dans ces pays.

Pour Ouagadougou, cette gratuité est un levier autant économique que politique. Sur le plan économique, elle pourrait accroître les flux commerciaux et touristiques, sources potentielles de devises et de dynamisme local. Sur le plan diplomatique, elle assoit le leadership du Burkina Faso parmi les pays engagés pour une intégration africaine réelle, au-delà des discours. Dans un contexte sécuritaire marqué par la lutte contre le terrorisme et l’instabilité régionale, cette ouverture envoie également un message de confiance et de résilience : le Burkina Faso se présente comme une terre d’accueil et de coopération transafricaine.

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Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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