
La dépouille de l’activiste burkinabè Alain Christophe Traoré, alias Alino Faso, a été rapatriée ce lundi 18 août à Ouagadougou, trois semaines après sa mort controversée dans une cellule en Côte d’Ivoire. Son arrivée a suscité une vive émotion populaire et relance les tensions diplomatiques entre Ouagadougou et Abidjan.
La capitale burkinabè a accueilli, ce lundi 18 août 2025, la dépouille d’Alain Christophe Traoré, plus connu sous le pseudonyme Alino Faso, figure de l’activisme numérique, décédé fin juillet dans des conditions controversées en Côte d’Ivoire.
Un important comité d’accueil pour la dépouille
Le cercueil, arrivé peu avant 14 heures à l’aéroport international de Ouagadougou à bord d’un avion militaire burkinabè, a ensuite été transféré à la morgue de Bogodogo. Une foule nombreuse s’était massée aux abords de la gendarmerie attenante à l’aéroport pour rendre un dernier hommage à l’activiste « dont les actes de générosité sont connus et reconnus », selon plusieurs témoignages recueillis sur place.
La cérémonie d’accueil s’est déroulée en présence de plusieurs membres du gouvernement, notamment les ministres en charge des Affaires étrangères, de la Communication, de la Sécurité et de l’Administration territoriale. Le président du Tribunal de grande instance Ouaga 1, Paul Kéré, ainsi que des artistes et influenceurs, figuraient également parmi les personnalités présentes.
Un décès entouré de zones d’ombre
Alino Faso avait été retrouvé pendu, le 24 juillet, dans sa cellule à l’École de gendarmerie d’Abidjan, où il était détenu. Tandis que la justice ivoirienne privilégie la thèse du suicide, le gouvernement burkinabè met en doute cette thèse, condamnant une procédure « irrespectueuse » de la part de la partie burkinabè, et promet de faire la lumière sur les circonstances de cette mort.
Le procureur d’Abidjan, Oumar Braman Koné, a affirmé que le détenu bénéficiait de conditions de détention « privilégiées », avec télévision, repas choisis et sécurité renforcée, réfutant toute maltraitance. Une information judiciaire a néanmoins été ouverte en Côte d’Ivoire.
Un dossier aux implications diplomatiques
Ce décès a exacerbé les tensions entre Ouagadougou et Abidjan. Les autorités burkinabè ont convoqué la Chargée d’Affaires de l’ambassade ivoirienne à Ouagadougou afin d’obtenir des explications et ont assuré que « la mort d’Alino Faso ne restera pas impunie ».
Depuis l’installation du régime militaire dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré au Burkina Faso, les relations se sont tendues avec le grand voisin du sud, et se sont traduites par des interpellations d’éléments des forces de l’ordre de part et d’autre de la frontière commune aux deux pays. C’est dans ces conditions qu’intervient la mort d’Alino Faso qui ne vient pas arranger les choses entre les deux pays frères. Pour l’instant, les autorités burkinabè appellent la population à rester mobilisée « pour la manifestation de la vérité » autour de la disparition d’un activiste devenu symbole de liberté d’expression et de résistance citoyenne.