Burkina Faso : deux journalistes libérés après plus d’un an de disparition


Lecture 3 min.
Ibrahim Traoré, président du Burkina Faso
Ibrahim Traoré, président du Burkina Faso

Deux journalistes burkinabè portés disparus depuis plus d’un an viennent de retrouver la liberté à Ouagadougou. Leur libération, accueillie avec soulagement par leurs familles, intervient dans un contexte marqué par de fortes pressions exercées sur la presse. Les autorités de transition sont accusées d’utiliser les réquisitions pour réduire au silence les voix critiques.

Si ce dénouement apporte une lueur d’espoir, d’autres journalistes restent encore détenus dans le pays.

Un retour attendu depuis plus d’un an

Alain Traoré, connu sous le surnom « Alain Alain », rédacteur en chef d’Omega Média, et Adama Bayala, chroniqueur de la télévision privée BF1, avaient été enlevés respectivement en juillet et juin 2024. Depuis, aucune nouvelle n’avait filtré sur leur sort. Selon leurs proches, les deux journalistes ont été libérés de nuit, à Ouagadougou. Amaigris mais en vie, ils ont pu regagner leurs foyers après plus d’un an de silence imposé.

Réquisitions forcées et intimidations

Leur disparition s’inscrit dans un contexte marqué par les réquisitions arbitraires de la junte dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré. Officiellement, les autorités justifient ces réquisitions par le décret de mobilisation générale contre les groupes armés jihadistes. Mais de plus en plus de Burkinabè y voient un instrument pour faire taire les voix critiques. En octobre dernier, le pouvoir a reconnu avoir réquisitionné des journalistes, dont Alain Traoré, pour les envoyer au front. De nombreuses organisations dénoncent cette pratique, qui révèle la fragilité de la liberté de la presse dans le pays.

Le cas d’Atiana Serge Oulon toujours en suspens

Si cette double libération est accueillie avec soulagement, une autre figure médiatique reste détenue : Atiana Serge Oulon. Directeur du bimensuel d’investigation L’Évènement, il avait été enlevé en juin 2024 après avoir révélé une affaire de détournement présumé de 400 millions de francs CFA. Celle-ci impliquait un officier supérieur.
 Reporters Sans Frontières (RSF) réclame sa libération immédiate, dénonçant une atteinte grave au droit d’informer et rappelant que ces pratiques ciblant des journalistes « n’auraient jamais dû exister ».

Une presse sous haute pression

Le Burkina Faso traverse une période sombre pour la liberté de la presse. Des groupes armés et les autorités de transition enlèvent tour à tour des journalistes. Beaucoup se retrouvent réduits au silence ou envoyés de force au front. La répression touche aussi des militants de la société civile et même des officiers de l’armée, accusés de complot ou de tentative de déstabilisation. La libération d’Alain Traoré et d’Adama Bayala apporte un soulagement symbolique, mais elle reste insuffisante tant que d’autres journalistes croupissent encore en détention pour avoir exercé leur métier.

Avatar photo
Sidoine observe, écoute et raconte l’Afrique telle qu’elle se vit au quotidien. Sur Afrik.com, il mêle récits, portraits et analyses pour donner chair aux événements et aux débats qui animent le continent
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News