L’école au Bénin est dans l’impasse, comme dans la plupart des pays de la sous-région et dans le reste du monde en cette période de crise sanitaire. Le 30 mars dernier, sur décision gouvernementale, les élèves béninois ont déserté les collèges et lycées pour s’inscrire dans la dynamique du pays, entré en isolement partiel le même jour. Dans les rues de Cotonou et de Porto-Novo, les jeunes ont pourtant trouvé une nouvelle activité hors de chez eux : la vente de masques.
Covid-19, les écoles béninoises accusent le coup
26 personnes infectées, 5 guérisons et 1 décès ; voilà les chiffres qui évoquent au Bénin la situation sanitaire liée à l’épidémie du Covid-19. Face à la propagation du nouveau Coronavirus qui secoue le globe, les autorités béninoises, à l’instar de celles des autres pays du monde, ont renvoyé depuis le 30 mars les élèves des lycées et collèges de même que les étudiants des différentes universités à la maison.
A en croire Mahougnon Kakpo, ministre de l’Enseignement secondaire, technique et de la Formation professionnelle, les cours devraient reprendre le lundi 11 mai 2020, dans le meilleur des cas. Suite à ce réaménagement du calendrier scolaire, plusieurs apprenants sont descendus dans les rues de Cotonou et Porto-Novo pour s’adonner à une activité commerciale circonstancielle.
Des élèves devenus vendeurs de masques
Comme dans plusieurs pays de la planète en ce moment, la situation économique est pénible au Bénin. Avec la mise en place d’un cordon sanitaire autour de 12 localités du pays, les activités commerciales sont un peu plus au ralenti. Cela représente un véritable casse-tête pour les ménages qui n’ont pas de salariés et qui doivent subvenir à leurs besoins en vendant des articles au quotidien.
La décision du gouvernement qui rend obligatoire le port de masque depuis hier, mercredi 8 avril, a suscité de nouvelles vocations sur fond de pauvreté et d’indigence. En effet, dans le but d’aider leurs parents à faire face aux dépenses journalières, de nombreux apprenants de Cotonou et de Porto-Novo ont profité de leur moment de trêve pour se lancer dans la vente de masques faciaux.
Affluant dans les rues et notamment auprès des feux tricolores de circulation, ces jeunes vendeurs ambulants s’attèlent à trouver preneurs à leurs articles afin de rentrer en fin de journée avec quelques recettes. « Je vis avec ma tante depuis la mort de mon père. Quand nous allions aux cours, je vendais à mes heures libres des colas dans les feux. Depuis hier, nous avons confectionné ma tante et moi des masques en tissus pour les revendre et nous nourrir », a laissé entendre Audace, un jeune garçon de 14 ans croisé dans les rues de la capitale.
Si cette activité peut effectivement leur permettre de joindre les deux bouts, elle transgresse la logique derrière l’idée de la mise en congé des apprenants. En fermant les portes des écoles et en prolongeant la durée de la fermeture, le gouvernement avait à cœur la santé et le bien-être des apprenants qui devraient rester à la maison. On assiste hélas au mouvement contraire : ils sont dehors. Vendant à la sauvette. Plus exposés que jamais. Cela amène à reconsidérer l’avis quelque peu controversé il y a quelques semaines du président Patrice Talon qui essayait alors de prouver l’impossibilité pour un pays comme le Bénin de « décréter un confinement général sans préavis ». A-t-il finalement raison ?