Bénin : à peine élu, le député Joseph Djogbénou démissionne. Que prépare l’UPR ?


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Joseph Djogbénou
Joseph Djogbénou

Depuis sa démission de la présidence de la Cour constitutionnelle et la prise du perchoir du plus grand des partis de la mouvance présidentielle au Bénin, l’Union progressiste le Renouveau (UPR), Joseph Djogbénou était pressenti pour présider la nouvelle Assemblée nationale. Mais à peine élu, l’ancien avocat de Patrice Talon démissionne. À deux jours de l’installation de la nouvelle législature. D’où la question qui motive la rédaction de cet article : que prépare l’UPR ?

Les députés élus au terme du scrutin du 8 janvier 2023 s’apprêtent à entrer en fonction, ce dimanche 12 février 2023. Parmi les élus, cinq ministres du gouvernement du Président Patrice Talon, qui devront choisir. Il s’agit du ministre d’État chargé du Plan et de la Coordination gouvernementale, Abdoulaye Bio Tchané, du ministre du Tourisme et de la Culture, Jean-Michel Abimbola, du ministre des Enseignements maternel et primaire, Salimane Karimou, du ministre des Infrastructures et des Transports, Hervé Hêhomey et du ministre de l’Eau et des Mines, Samou Séidou Adambi. Ces ministres élus ont le choix entre continuer à demeurer dans le gouvernement ou au contraire aller au Parlement. La loi leur donne 30 jours, à compter de leur installation au Parlement pour choisir. Deux d’entre eux n’ont pas attendu le délai pour déposer le tablier. Il s’agit de Abdoulaye Bio Tchané et de Samou Séidou Adambi.

La démission de Joseph Djogbénou

Mais, en dehors de ces deux membres du gouvernement, un autre élu a démissionné. Il s’agit du Professeur Joseph Djogbénou. Cette démission étonne plus d’un. Et pour cause ! En juillet dernier, alors que son mandat à la tête de la Cour constitutionnelle n’était pas achevé, l’ancien Garde des Sceaux du gouvernement Talon a rendu sa démission. Laquelle démission lui permettait de signer son retour dans le jeu politique pour prendre la tête du plus grand parti de la mouvance présidentielle, l’UPR. On était à quelques mois des élections législatives. On voyait donc l’homme candidat et même plus. Il était l’un des plus sérieux candidats pressentis pour prendre le perchoir de l’hémicycle. Candidat effectivement aux Législatives du 8 janvier, Joseph Djogbénou réussit à tirer son épingle du jeu dans la 16e circonscription électorale logée dans la capitale économique du Bénin, Cotonou.

L’ancien avocat de Patrice Talon qui demeure d’ailleurs un des pions essentiels du cercle restreint du chef de l’Exécutif béninois est donc effectivement bien positionné pour devenir le prochain président de l’Assemblée nationale du Bénin. Seulement voilà ! À 48 heures de l’installation des nouveaux députés, Joseph Djogbénou renonce à son poste, le laissant à son suppléant de toujours, Orden Alladatin. Ce dernier l’avait déjà remplacé au Parlement quand il avait été appelé pour occuper le poste de ministre de la Justice dans le premier gouvernement de Patrice Talon, à peine élu en 2016.

Maintenant les questions

L’acte posé par Joseph Djogbénou suscite des interrogations. Qu’est-ce qui pressait ? Pourquoi Joseph Djogbénou n’a-t-il pas attendu l’installation de la législature avant de renoncer à son poste ? Beaucoup de Béninois se sont posé cette question. Et là-dessus, le juriste Nourou-Dine Saka Saley s’est prononcé : « Le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale dit que la démission d’un député est notifiée au président de l’Assemblée nationale. Pour qu’il y ait président de l’Assemblée nationale, il faut d’abord qu’il y ait des députés. Les députés tels qu’ils sont là maintenant ne sont pas encore des députés parce qu’ils n’ont pas encore été installés. C’est l’installation qui consacre le mandat de député et surtout le début du mandat », indique l’ancien conseiller juridique du ministre Abdoulaye Bio Tchané. Se fondant sur ces éléments, Nourou-Dine Saka Saley infère que « l’effectivité de leur démission (les trois députés démissionnaires, ndlr) ne peut pas être actuelle ».

Joseph Djogbénou va-t-il retourner au gouvernement ? Cela n’est guère impossible, au regard de la complicité que l’avocat entretient avec son ancien client, Patrice Talon. Dans ces conditions, Louis Vlavonou, le président de l’Assemblée sortant, membre de l’UPR lui aussi, va-t-il rempiler ? Qu’en est-il de Jean-Claude Apithy, l’autre député UPR également pressenti pour présider la 9e législature ? Demain n’est pas loin. Attendons de voir.

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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