
En juin 2025, la ville suisse de Bâle est le théâtre d’une belle mise en avant de l’art africain contemporain. Pour la première fois, deux événements majeurs se déroulent en parallèle : la prestigieuse Art Basel, référence mondiale du marché de l’art, et la toute nouvelle Africa Basel, entièrement dédiée à la création africaine.
Africa Basel : La naissance d’une plateforme inédite
Du 16 au 22 juin 2025, l’Ackermannshof accueille la première édition d’Africa Basel. Cette nouvelle foire, imaginée par Sven Eisenhut-Hug et Benjamin Füglister, se positionne comme une vitrine exclusive de l’art contemporain africain et de sa diaspora. Africa Basel se conçoit comme un espace de dialogue et de rencontres, proposant conférences, tables rondes et performances qui enrichissent l’expérience.
Le format « boutique fair » choisi par les organisateurs privilégie l’intimité et la qualité des échanges. Avec une vingtaine d’exposants soigneusement sélectionnés par un comité d’experts comprenant Azu Nwagbogu, Michèle Sandoz, Serge Tiroche et Greer Valley, la foire mise sur une approche curatoriale exigeante plutôt que sur la quantité.
L’Afrique au cœur d’Art Basel

Parallèlement, la 55e édition d’Art Basel (19-22 juin) témoigne elle aussi de la forte présence africaine. Dans la nouvelle section Premiere, destinée aux œuvres ultra-contemporaines, la galerie cairote Gypsum fait figure de pionnière, présentant des artistes comme Dimitra Charamandas et Basim Magdy qui explorent les préoccupations environnementales à travers une perspective africaine.

Les grands noms de l’art africain sont également à l’honneur dans les galeries internationales. Esther Mahlangu, avec ses motifs géométriques ndebele, côtoie les installations textiles monumentales d’El Anatsui et les sculptures conceptuelles de Yinka Shonibare. La galerie Cécile Fakhoury présente Roméo Mivekannin, tandis que Jenkins Johnson Gallery met en lumière le travail d’Arthur Monroe aux côtés de la légendaire Mahlangu.
Une synergie stratégique
Le timing de cette double programmation n’est pas fortuit. En organisant Africa Basel durant la semaine d’Art Basel, les initiateurs créent une synergie unique. Les collectionneurs, curateurs et professionnels du monde entier présents à Bâle peuvent ainsi découvrir deux facettes complémentaires de l’art africain : d’un côté, son intégration dans le marché global via Art Basel ; de l’autre, une immersion profonde dans ses spécificités à travers Africa Basel.
Cette stratégie répond à plusieurs défis. Certaines galeries africaines cherchent à dépasser l’étiquette réductrice de « galerie d’art africain » pour s’affirmer sur la scène internationale. D’autres, au contraire, revendiquent cette identité comme une force dans un marché de l’art en quête de nouvelles narrations et de diversité.
Un écosystème en expansion

Au-delà des deux foires principales, d’autres événements satellites enrichissent cette semaine africaine à Bâle. Photo Basel (17-22 juin) offre une plateforme dédiée à la photographie, incluant de nombreux artistes du continent. Les foires Liste et Volta accueillent également des galeries présentant des artistes africains émergents.
Cette effervescence témoigne d’un intérêt croissant pour l’art africain contemporain, porté par une nouvelle génération de collectionneurs et d’institutions. Le marché reconnaît la richesse et la diversité d’une scène artistique longtemps marginalisée, qui s’affirme désormais comme l’une des plus dynamiques au monde.
Cette première édition d’Africa Basel arrive à un moment crucial. Dans un contexte de contraction du marché de l’art global, la foire mise sur la stabilité et le long terme. Cette approche, combinée à l’ancrage dans l’écosystème bâlois, pourrait offrir aux artistes et galeries africains une plateforme de développement international.