Baisse continue de l’inflation : le Nigeria sur les traces du Ghana


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Croissance économique
Croissance économique

Le Nigeria enregistre une embellie économique notable : pour le cinquième mois consécutif, l’inflation a reculé en août 2025, passant de 21,88 % en juillet à 20,12 % en rythme annuel.

Cette tendance baissière, portée principalement par le ralentissement de l’inflation alimentaire, rapproche le Nigeria de l’expérience récente du Ghana, son voisin ouest-africain, qui a réussi à juguler une envolée des prix par une combinaison de rigueur monétaire et de stabilisation financière.

Une désinflation progressive au Nigeria

Selon les chiffres publiés par l’Office national des statistiques, l’inflation alimentaire — moteur essentiel de l’inflation globale — s’est repliée à 21,87 % en août, contre 22,74 % en juillet. Cette baisse, bien que modeste, reflète l’impact d’une meilleure disponibilité de certains produits agricoles et la stabilisation des chaînes d’approvisionnement.

La Banque centrale du Nigeria (CBN), qui avait maintenu son taux directeur à 27,50 % en juillet, pourrait désormais envisager un assouplissement de sa politique monétaire. Plusieurs analystes anticipent une réduction progressive des taux lors de la réunion de politique monétaire prévue la semaine prochaine, citant la stabilité récente du naira, en appréciation sur le marché officiel depuis le début du mois. « Les conditions semblent réunies pour un cycle d’assouplissement mesuré », estime un économiste basé à Abuja. Avant d’ajouter : « La baisse continue de l’inflation, couplée à la fermeté du naira, crée une fenêtre pour stimuler le crédit et soutenir la reprise économique ».

Le précédent ghanéen : un modèle régional ?

La trajectoire nigériane rappelle celle du Ghana, qui a connu huit mois consécutifs de baisse du taux d’inflation, passant de 12.1 % en juillet à 11.5 % en août 2025. La Banque du Ghana avait adopté une politique monétaire extrêmement restrictive, avec un taux directeur culminant à 30 %, puis amorcé une détente prudente une fois l’inflation sous contrôle, pour se retrouver à 25 % en juillet dernier.

L’appréciation du cedi, liée à une meilleure gestion des réserves et au soutien des institutions internationales, avait également contribué à réduire la pression sur les prix. Aujourd’hui, le Ghana est cité comme un exemple en Afrique de l’Ouest de maîtrise progressive de l’inflation, après une période de fortes turbulences.

Le Nigeria semble suivre la même logique : resserrement monétaire marqué, ajustements statistiques pour mieux refléter la réalité des prix, et une attention accrue à la stabilité de la monnaie locale. La différence majeure réside dans la taille et la complexité de l’économie nigériane, beaucoup plus dépendante des importations alimentaires et des fluctuations pétrolières.

Un équilibre fragile entre désinflation et croissance

Si la tendance actuelle ouvre la voie à un assouplissement monétaire, plusieurs incertitudes demeurent. Le marché du travail reste sous pression, et la consommation des ménages souffre encore des séquelles de la flambée des prix des deux dernières années. La dépendance aux importations agricoles rend le pays vulnérable aux chocs extérieurs, notamment climatiques et géopolitiques.

Les autorités nigérianes cherchent donc à maintenir un équilibre délicat : consolider la baisse de l’inflation sans compromettre la croissance. La réunion de la CBN la semaine prochaine sera un signal important pour les investisseurs comme pour les ménages. Si la tendance se confirme, le Nigeria pourrait s’inscrire dans la lignée du Ghana, transformant une crise inflationniste en opportunité de réforme et de stabilisation économique.

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Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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