
Huit ans après la tragédie de la petite Samantha Pendo, le système judiciaire kényan commence enfin à rendre justice. En août 2017, ce bébé de six mois avait été tué lors de la répression violente des manifestations post-électorales à Kisumu. Le 4 mai 2025, quatre policiers ont été inculpés pour crimes contre l’humanité.
Quatre policiers ont été officiellement inculpés pour crimes contre l’humanité. Ils sont accusés d’avoir causé la mort de la petite Samantha Pendo, âgée de six mois, lors d’un assaut policier particulièrement brutal à Kisumu, dans l’ouest du pays. Cette affaire, symbole des abus policiers dans le pays, relance le débat sur l’impunité persistante des forces de l’ordre.
Un bébé tué, un pays choqué
En août 2017, alors que des manifestations éclatent pour contester la réélection du président Uhuru Kenyatta, les forces de sécurité répriment violemment les rassemblements, notamment dans les bastions de l’opposition. C’est dans ce contexte que la petite Samantha Pendo trouve la mort dans sa propre maison, après que des policiers y ont lancé des grenades lacrymogènes, puis l’ont battue, selon le témoignage de sa mère. L’image de ce bébé martyre avait ému toute la nation, devenant un symbole tragique des exactions policières.
Le bureau du procureur avait initialement recommandé des poursuites contre douze policiers, accusés non seulement de la mort de Samantha, mais aussi de celle de 39 autres personnes tuées lors des manifestations. Pourtant, seules quatre inculpations ont été retenues, les huit autres agents bénéficiant d’un abandon des charges, officiellement pour manque de preuves. Une décision vivement dénoncée par des organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International Kenya, qui fustige l’absence de consultation avec l’Autorité indépendante de contrôle de la police (IPOA), pourtant à l’origine de l’enquête.
Un signal attendu par les victimes et la société civile
Les quatre policiers inculpés ont plaidé non coupable, mais leur comparution en justice marque une rupture avec l’habituelle inertie judiciaire dans ce type d’affaire. Au Kenya, les accusations de brutalités, tortures et exécutions extrajudiciaires visant la police sont nombreuses, mais rarement suivies de poursuites effectives. Ce procès est donc vu par les familles des victimes et les militants comme un test crucial pour l’indépendance du système judiciaire et la lutte contre l’impunité.
La justice kényane, en acceptant d’ouvrir un procès pour crimes contre l’humanité dans cette affaire, envoie un signal fort : la vie des citoyens, même les plus jeunes, ne saurait être traitée avec légèreté. Pour de nombreuses familles touchées par la violence de l’État, c’est peut-être le début d’une ère de reconnaissance et de responsabilité. Pour le reste du pays, c’est un rappel douloureux que la démocratie ne peut s’épanouir sans justice et respect des droits humains.