Arche de Zoé : l’opération séduction d’Eric Breteau


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Eric Breteau
Eric Breteau

Le président gracié de l’association Arche de Zoé a accordé plusieurs interviews pour livrer sa version sur l’affaire des 103 « orphelins » qu’il avait tenté de transférer en France fin octobre. Eric Breteau faisait au passage la promotion de son livre, où il raconte en « détails » son « opération de sauvetage » et réaffirme l’implication des plus hautes autorités de l’Etat français.

Décontracté, confiant, limite fanfaronnant. Eric Breteau fait la tournée de plusieurs médias français pour donner de plus amples informations sur la tentative avortée de transférer du Tchad vers la France 103 enfants. Au final, rien de vraiment nouveau n’est ressorti des entretiens. « Sur la légitimité de l’opération, le bien fondé d’organiser cette évacuation, je n’ai aucun regret et si c’était à refaire, je le referais parce que je souhaite faire bouger la cause du Darfour », a une nouvelle fois assuré au micro de France Info le président de l’Arche de Zoé.

« Créer une crise internationale »

Sur la chaîne TF1, lundi, il a maintenu que les enfants étaient bien « des orphelins du Darfour ». Il en veut pour preuve que les « prétendues familles » tchadiennes ont été « discréditées en moins de cinq minutes » au procès de N’Djamena et que le Soudan a lancé un mandat d’arrêt international contre lui et les cinq autres membres de l’association graciés le 31 mars par le président Idriss Déby Itno.

Eric Breteau se place par ailleurs, de même que son équipe, en victime d’une « calomnie » et d’une « dérive de l’histoire ». Il remet notamment en question le « savant montage des images » de certains reportages qui ont, selon lui, fait passer un « sauvetage d’enfants en danger » pour une tentative d’enlèvement. Or, « l’objectif initial de cette opération » était d’« interpeller la communauté internationale sur la situation au Darfour », de « créer une crise internationale » qui permettrait à la France d’« intervenir pour faire cesser les massacres ».

Un livre « vérité »

C’est pour préciser ces éléments qu’Eric Breteau s’est « attaché à faire publier le plus rapidement possible un livre censé retracer les détails de cette opération ». L’Arche de Zoé, les dessous d’une affaire d’Etat, à paraître chez Plon, réaffirme l’implication des autorités françaises dans l’affaire des 103 enfants. Eric Breteau a précisé dans un entretien au quotidien Le Figaro qu’« il était même prévu que, le 25 octobre, Cécilia Sarkozy et (la ministre de la Justice) Rachida Dati se déplacent en personne pour accueillir les 103 enfants à l’aéroport de Vatry », là où l’avion de retour du Tchad devait atterrir. Ce à quoi Rachida Dati a rétorqué : « Je ne le connais pas, je ne l’ai jamais rencontré. Le seul contact avec l’association a été l’ouverture d’une enquête préliminaire contre l’Arche de Zoé ».

Le président de l’Arche de Zoé réitère en outre ses contacts avec le « Quai d’Orsay » et « l’Elysée », à qui il reproche d’avoir lâché l’association au moment de l’arrestation des six. Eric Breteau, qui réclame la « création d’une commission d’enquête parlementaire sur la gestion du dossier par les autorités françaises », a aussi une dent contre la secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme.

Plainte contre Rama Yade

Rama Yade avait qualifié d’« illégal » et « irresponsable » le fait que l’Arche de Zoé ait tenté d’« enlever » les enfants. « Je suis résolu à porter plainte contre elle pour diffamation ainsi que pour atteinte à la présomption d’innocence, car elle s’est montrée indigne de sa fonction », a déclaré Eric Breteau dans un entretien accordé au site du Figaro.

Ce dernier aura lui-même encore affaire à la justice française. Avec quatre autres membres de l’association, il est poursuivi pour « aide au séjour irrégulier de mineurs étrangers en France », « escroquerie » et « exercice illégal de l’activité d’intermédiaire en, vue d’adoption ». Bernard Kouchner, ministre des Affaires Etrangères, a pour sa part expliqué que, selon le contenu du livre, son ministère se réserve le droit d’entamer « des suites d’abord courtoises, pourquoi pas, et judiciaires éventuellement ».

Quant aux indemnités pour les familles tchadiennes des enfants, Rachida Dati a indiqué, comme l’avait fait le premier ministre François Fillon, que « la France n’est pas responsable des infractions que ses ressortissants commettent à l’étranger ».

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