
ArcelorMittal a annoncé la fermeture de ses usines d’acier long en Afrique du Sud, une décision qui menace 4000 emplois. Minée par les coupures d’électricité, les problèmes logistiques et la concurrence des importations, l’industrie sidérurgique sud-africaine vacille.
Le géant de la sidérurgie ArcelorMittal a annoncé la fermeture de ses principales usines d’acier long en Afrique du Sud, une décision qui risque de plonger le pays dans une nouvelle crise sociale et industrielle. Plus de 4 000 travailleurs pourraient perdre leur emploi, un choc supplémentaire pour une économie déjà fragilisée par le chômage de masse et les difficultés énergétiques.
Une industrie minée par les coupures d’électricité et la crise logistique
Depuis plusieurs années, ArcelorMittal South Africa (AMSA) tente de maintenir ses activités malgré un environnement de plus en plus hostile. Les coupures d’électricité à répétition, un système ferroviaire inefficace et la faiblesse de la demande locale ont lourdement affecté la production. L’entreprise a déjà placé son haut-fourneau de Newcastle en maintenance et se prépare à mettre fin à la production d’acier long, indispensable au secteur du bâtiment et des infrastructures.
Le syndicat Solidarity, en première ligne face à cette crise, parle d’un véritable « bain de sang social ». Selon ses estimations, plus de 4 000 emplois seront supprimés, non seulement à Newcastle et Vereeniging, mais aussi dans l’usine phare de Vanderbijlpark, spécialisée dans l’acier plat. Pour Willie Venter, secrétaire général adjoint du syndicat, « si de grandes entreprises comme AMSA ne parviennent plus à garder la tête hors de l’eau, le pays est au bord d’une catastrophe industrielle ».
Des pertes financières et une concurrence accrue
AMSA, qui représente environ 4 % de la production mondiale du groupe ArcelorMittal, enregistre des pertes continues depuis 2023. La filiale a affiché une perte semestrielle de 1 milliard de rands, plombée par des prix de vente bas et des volumes insuffisants. À cela s’ajoute la concurrence des importations, notamment en provenance de Chine, et la montée en puissance des aciéries locales spécialisées dans le recyclage de ferraille, favorisées par la politique fiscale sud-africaine.
Les discussions menées avec Pretoria n’ont pas abouti. AMSA réclamait des mesures fortes : réduction des droits d’exportation sur la ferraille, imposition de taxes douanières sur les importations, et tarifs préférentiels sur l’électricité et le transport ferroviaire. Faute d’accord, l’entreprise a choisi la fermeture. Les syndicats accusent le gouvernement d’inaction et redoutent que l’Afrique du Sud ne perde un pan stratégique de son industrie, au moment où les États-Unis imposent déjà de nouveaux droits de douane de 30 % sur l’acier sud-africain.
Une onde de choc sociale et économique
Avec un taux de chômage dépassant les 30 %, cette décision pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour des milliers de familles et fragiliser davantage le secteur du BTP. Si l’activité de l’acier plat devrait se poursuivre pour alimenter l’industrie automobile et l’électroménager, la fermeture des usines d’acier long inquiète. Elle symbolise la perte de compétitivité d’un secteur clé dans une économie sud-africaine au bord de l’asphyxie.