Angola : João Lourenço défend la répression policière après 30 morts lors des émeutes


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Le Président angolais, Joao Lourenço
Le Président angolais, Joao Lourenço

Après plusieurs jours de violences meurtrières à travers le pays, le président angolais João Lourenço s’est exprimé pour la première fois dans un message adressé à la nation le vendredi 1er août. Dans une allocution très attendue, le chef de l’État a salué l’action des forces de sécurité, responsables selon lui d’avoir « rempli leur devoir » face à des « actes criminels ».

Cette déclaration intervient alors qu’au moins 30 personnes ont perdu la vie, et que les ONG et l’opposition dénoncent un usage excessif de la force.

Une réponse qui ignore les racines de la colère

Le président n’a à aucun moment évoqué la hausse du prix du carburant, élément déclencheur de la vague de contestation qui a embrasé l’Angola fin juillet. Dans un pays où la majorité de la population vit dans la précarité malgré les ressources pétrolières, cette augmentation a mis le feu aux poudres. Des manifestations ont rapidement dégénéré, notamment à Luanda, où magasins, entrepôts et bus ont été la cible de pillages.

Un lourd tribut humain et matériel

Selon la police nationale, le bilan est dramatique : au moins 30 morts, 270 blessés, plus de 1 500 arrestations, 118 entreprises vandalisées et 24 bus publics endommagés. Parmi les victimes, la mort de Silvia Mubiala, mère de six enfants tuée par balle en tentant de protéger son fils, a bouleversé l’opinion publique. Des vidéos et témoignages diffusés sur les réseaux sociaux dénoncent une répression brutale, en contradiction avec les propos présidentiels.

Un soutien officiel à la police, une colère populaire persistante

En remerciant les forces de l’ordre, le président Lourenço s’attire les critiques de la société civile, qui accuse le gouvernement de détourner le regard sur les véritables causes de la crise : pauvreté extrême, chômage de masse et inégalités criantes. Les ONG rappellent que l’indignation populaire, bien que parfois débordante, ne justifie pas l’usage létal de la force contre des manifestants souvent désarmés.

Des promesses de reconstruction mais peu de réponses politiques

Le chef de l’État a promis un soutien aux commerces touchés par les pillages et assuré que « l’État fait de son mieux » pour améliorer les conditions de vie des Angolais. Mais sans réponse claire à la crise sociale sous-jacente ni reconnaissance de l’impact des politiques économiques, le message présidentiel semble insuffisant pour apaiser les tensions.

Les transports et commerces reprennent lentement leur activité à Luanda, mais la situation reste tendue dans certaines provinces. Alors que le calme semble revenir, la fracture entre le pouvoir et une grande partie de la population semble, elle, plus profonde.

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