Algérie : Bouteflika plébiscité, l’opposition crie au scandale


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Bouteflika président ! Les trois partis de l’Alliance présidentielle ont plébiscité, dimanche, lors de leur sommet à Alger, la candidature du chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika aux élections présidentielles d’avril 2009. Cette décision intervient alors que le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), un parti de l’opposition, ne cesse de critiquer la légitimité du président algérien à briguer un troisième mandat.

Ce n’est une surprise pour personne. Les trois partis de l’Alliance présidentielle ont appelé, dimanche lors de son 9ème sommet à Alger, le chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika à postuler pour un troisième mandat en prévision des élections présidentielles prévues en avril 2009. Le Front de libération national (FLN), le mouvement de la société pour la paix (MSP) ainsi que le Rassemblement national démocratique (RND) ont profité de cette occasion pour étudier le futur programme de leur favori.

Le FLN dans la ligne de mire

Les trois secrétaires des partis se sont focalisés sur trois points essentiels : « réorganiser l’alliance en vue de soutenir Abdelaziz Bouteflika et mener à terme son programme, préparer et organiser la campagne électorale pour la présidentielle d’avril 2009 en Algérie, et présenter le plan d’action du gouvernement bientôt au Parlement », rapporte le Jeune Indépendant. Depuis deux ans, le FLN, dont le président d’honneur n’est autre qu’Abdelaziz Bouteflika, n’a cessé d’appeler à la levée de la limitation des mandats pour qu’il se représente à la magistrature suprême. Et leurs souhaits ont été exaucés. La révision de la constitution du 12 novembre dernier permet désormais à leur candidat de briguer un troisième mandat et plus si affinités…

Une décision que les partis d’opposition déplorent. « L’Algérie a enregistré son troisième coup d’Etat depuis l’indépendance. En effet, que l’on prenne en considération les auteurs de ce coup de force, la façon dont il a été mené ou ses conséquences politiques, on observe que la vie publique algérienne est confisquée depuis 1962 par la même oligarchie qui abuse des mêmes procédés et poursuit les mêmes objectifs : confiscation de la volonté populaire par le détournement de l’histoire », accusait Saïd Sadi, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), lors de sa conférence au Centre d’accueil de la presse étrangère (CAPE), à Paris, le 19 novembre dernier.

En Algérie, la place du FLN est de plus en plus décriée par l’opposition. On reproche au parti d’utiliser l’histoire pour légitimer sa place dans la vie politique actuelle. Créé en novembre 1954 pour obtenir de la France l’indépendance de l’Algérie, le FLN a pris le pouvoir « légitimement » en 1962 et s’en est assuré l’exclusivité en instaurant un système de parti unique. Un système que le FLN, de l’avis de Saïd Sadi, aimerait voir restaurer.

L’appel à la fin des fraudes électorales pour 2009 ?

Pourtant, Abdelaziz Belkhadem, le président de l’Alliance présidentielle et secrétaire du FLN s’est voulu rassurant sur cette question. Il souhaite que les élections présidentielles de 2009 « soient plurielles, régulières et imprégnées d’un esprit de concurrence, en présence des observateurs désirant y assister ». Une manière sans doute de contrer les accusations de fraudes électorales lancées par le RCD. « Nous avons proposé l’exigence d’une surveillance internationale massive et qualifiée pour tous les scrutins car tant que la question des fraudes électorales n’est pas réglée, il est vain d’attendre d’un Parlement qu’il vote librement », estime Saïd Sadi. En 2004, les élections présidentielles avaient été entachées par des rumeurs de fraudes électorales. Elles avaient d’ailleurs été boycottées par les partis d’opposition : le Front des forces socialistes, le Rassemblement pour la culture et la démocratie et le Mouvement pour la démocratie en Algérie.

A moins qu’un nouveau candidat d’envergure ne vienne changer la donne, Abdelaziz Bouteflika sera reconduit en 2009. Dans un pays où l’opposition est minoritaire – elle représentait 8% des voix en 2004 -, l’Alliance présidentielle a toute la place requise pour offrir à son champion une voie royale…

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