
En octobre, Air Algérie inaugurera une ligne triangulaire reliant Alger, Le Caire et Addis-Abeba ainsi qu’une liaison directe vers Guangzhou, en Chine. Une double expansion qui illustre l’ambition de faire de la capitale algérienne un hub aérien stratégique entre l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie.
Air Algérie avance dans son internationalisation avec l’annonce de deux lignes prévues pour octobre prochain : une route triangulaire inédite reliant Alger, Le Caire et Addis-Abeba, ainsi qu’une liaison directe historique avec Guangzhou, troisième plus grande ville de Chine et pôle économique majeur de l’Asie.
Cette stratégie illustre la volonté de faire d’Alger un hub aérien reliant l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie.
Le Caire et Addis-Abeba : renforcer l’ancrage africain
La ligne triangulaire Alger – Le Caire – Addis-Abeba vise à fluidifier les flux de passagers et de fret entre trois capitales clés tout en optimisant l’utilisation de la flotte. Le Caire, capitale culturelle du monde arabe et mégapole de 20 millions d’habitants, constitue une passerelle naturelle pour les voyageurs algériens et un marché riche en opportunités commerciales.
Addis-Abeba, siège de l’Union Africaine et hub d’Ethiopian Airlines, première compagnie aérienne d’Afrique, est la porte d’entrée de l’Afrique de l’Est et australe. Pour l’Algérie, cette connexion facilite l’accès à des économies en croissance comme le Kenya, la Tanzanie ou l’Afrique du Sud.
Selon l’IATA, le trafic intra-africain devrait croître en moyenne de 7% par an au cours des vingt prochaines années, soit le rythme le plus élevé au monde. En misant sur un modèle triangulaire, Air Algérie répond à cette demande tout en proposant des tarifs compétitifs et une flexibilité accrue pour les passagers.
Guangzhou : un choix stratégique en Chine
L’ouverture d’une liaison directe avec Guangzhou, au cœur de la première zone économique chinoise (12% du PIB chinois), traduit une stratégie ciblée. Contrairement à Pékin ou Shanghai, déjà saturées, Guangzhou demeure le principal hub de l’import-export chinois, avec sa célèbre Foire de Canton attirant des centaines de milliers de visiteurs professionnels chaque année.
Pour Alger, cette ligne soutient à la fois les besoins d’importation (électronique, textiles, machines, biens manufacturés…) et les exportations algériennes vers la Chine (hydrocarbures, marbre, dattes, ressources naturelles…).
Elle répond également aux besoins croissants de la diaspora algérienne en Chine, composée d’étudiants, d’entrepreneurs et de professionnels aujourd’hui contraints de passer par Dubaï, Istanbul ou Paris.
Tourisme et commerce : des retombées attendues
Le tourisme est l’un des premiers secteurs à bénéficier de cette expansion. Avec Le Caire et ses pyramides, des packages combinés Algérie–Égypte pourraient séduire les voyagistes. Côté chinois, le potentiel est immense : premier marché émetteur mondial avec plus de 150 millions de voyageurs par an (OMT), la Chine commence à s’ouvrir aux destinations africaines. L’Algérie, avec son Sahara, ses ruines romaines et sa côte méditerranéenne, possède les atouts pour séduire cette clientèle.
Sur le plan économique, les échanges commerciaux entre l’Algérie et la Chine ont atteint 8,9 milliards de dollars en 2023, Pékin étant le premier fournisseur d’Alger. Cette connexion aérienne devrait renforcer la coopération dans les secteurs stratégiques tels que les énergies renouvelables, les infrastructures et les TIC. Elle s’incrit dans le cadre de l’Initiative des Routes de la Soie. Elle facilitera la réalisation de grands projets conjoints, allant du port de Cherchell aux énergies renouvelables.
Avec l’Éthiopie, marché de 120 millions d’habitants, de nouvelles perspectives s’ouvrent également, notamment dans la construction et l’agroalimentaire. Au niveau africain. Mais aussi, la connexion vers Addis-Abeba s’inscrit dans la diplomatie continentale de l’Algérie, membre fondateur de l’Union Africaine, et renforce les liens Sud–Sud.
Des défis opérationnels et concurrentiels
Ces nouvelles routes long-courrier nécessitent des avions gros-porteurs (Airbus A330, Boeing 777) capables de parcourir près de 10 000 km vers la Chine. En outre, la compagnie devra aussi affronter une concurrence féroce : EgyptAir et Ethiopian Airlines sur l’Afrique, Emirates ou Qatar Airways sur l’Asie. Pour se différencier, elle mise sur des vols directs, une meilleure gestion des revenus et l’amélioration de l’expérience client (services à bord, salons, programme de fidélité).
Cette expansion s’inscrit dans la stratégie de modernisation du hub d’Alger. Grâce à son nouveau terminal international, la capitale veut capter le trafic de correspondance entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie. Ces nouvelles lignes enrichissent les combinaisons de voyage : Tunis – Guangzhou via Alger ou Paris – Addis-Abeba avec escale en Algérie.
Si ces routes rencontrent le succès attendu, Air Algérie pourrait poursuivre son expansion vers New Delhi, Nairobi ou São Paulo. À terme, la compagnie pourrait rejoindre une alliance mondiale ou multiplier les accords de partage de codes pour élargir son réseau à moindre coût.