Afrique du Sud : un nouveau drame dans la guerre des taxis


Lecture 2 min.
Police sud-africaine
La police sud-africaine

La guerre qui oppose depuis des années les opérateurs de taxis traditionnels aux chauffeurs de VTC en Afrique du Sud a fait une nouvelle victime. À Soweto, des assaillants ont abattu en pleine journée un chauffeur de VTC et incendié son véhicule, dans un climat de violence qui semble loin de s’apaiser.

Ce conflit, enraciné dans des enjeux économiques et territoriaux, s’inscrit dans un contexte de criminalité déjà alarmant.

Un chauffeur exécuté en plein jour

Mercredi 13 août, devant un centre commercial de Soweto, quatre hommes armés ont ouvert le feu sur un chauffeur de VTC et l’ont tué sur le coup. Ils ont aussitôt incendié son véhicule, puis attaqué un second véhicule à proximité. La police enquête pour meurtre, double tentative de meurtre et incendie criminel.
Sur les réseaux sociaux, les images, d’une extrême violence, ont choqué l’opinion publique et relancé les débats sur la sécurité des chauffeurs dans le pays.

Un conflit ancien et sanglant

Les tensions entre taxis traditionnels, minibus ou véhicules équipés de compteur, et VTC ne datent pas d’hier. Les premiers accusent les plateformes comme Uber ou Bolt de leur voler leur clientèle et de menacer leur gagne-pain. Dans certaines zones, des groupes empêchent les chauffeurs de VTC de prendre des passagers, parfois sous la menace directe.
Ce secteur, vital pour la mobilité quotidienne de millions de Sud-Africains, reste infiltré par des réseaux criminels. Les “guerres de territoire” entre associations de taxis rivales se multiplient et font régulièrement des morts.

Un pays au taux d’homicides alarmant

L’Afrique du Sud compte l’un des taux de meurtres les plus élevés au monde : en moyenne 75 homicides par jour, soit plus de 27 600 sur l’année 2023-2024. Les violences liées au transport aggravent encore ce bilan. En juillet dernier, au Cap, des hommes armés ont tué quatre personnes dans une attaque contre une station de minibus-taxis. Pour de nombreux habitants, l’inaction des autorités face à ce conflit interprofessionnel aggrave l’insécurité et nourrit la peur parmi les travailleurs du secteur.

Malgré les multiples appels au dialogue, la guerre des taxis continue de faire des victimes. Les syndicats de chauffeurs de VTC réclament plus de protection, tandis que les opérateurs traditionnels exigent un durcissement des règles imposées aux plateformes numériques.

Maceo Ouitona
LIRE LA BIO
Maceo Ouitona est journaliste et chargé de communication, passionné des enjeux politiques, économiques et culturels en Afrique. Il propose sur Afrik des analyses pointues et des articles approfondis mêlant rigueur journalistique et expertise digitale
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News