Afrique du Sud : le retour d’Omotoso devant la justice après l’acquittement


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Timothy Omotoso

Acquitté en avril des accusations de viol qui le poursuivaient depuis 2017, le télévangéliste nigérian Timothy Omotoso a de nouveau été arrêté en Afrique du Sud, cette fois pour infraction à la législation migratoire. Ce rebondissement relance les tensions autour d’un personnage controversé dont l’influence religieuse continue de diviser.

À peine un mois après avoir été acquitté de lourdes accusations de viol, le télévangéliste nigérian Timothy Omotoso est de nouveau sous les verrous. Arrêté samedi 10 mai à la sortie de la messe dans la ville sud-africaine d’East London, il ne s’agit plus cette fois de violences sexuelles, mais de violations présumées de la législation sur l’immigration. Cette nouvelle arrestation ravive les tensions autour d’un personnage aussi controversé que médiatisé, dont les démêlés judiciaires tiennent en haleine l’Afrique du Sud depuis près de huit ans.

Une figure religieuse au cœur de multiples scandales

Leader de l’église Jesus Dominion International (JDI), basée en Afrique du Sud, Timothy Omotoso avait été initialement arrêté en 2017, accusé d’avoir kidnappé, violé et exploité sexuellement plus de trente jeunes femmes, dont des mineures. Le procès, diffusé en direct à la télévision nationale, avait ébranlé l’opinion publique dans un pays déjà marqué par un niveau alarmant de violences sexuelles — plus de 42 500 cas recensés entre 2023 et 2024, soit en moyenne 116 viols par jour. Certaines des victimes présumées, devenues symboles de la lutte contre les violences faites aux femmes, avaient témoigné avec courage face à la caméra.

Le 10 avril dernier, la Haute Cour du Cap-Oriental a pourtant décidé d’acquitter Timothy Omotoso ainsi que ses deux coaccusées. Dans son jugement, la juge Irma Schoeman n’a pas caché ses doutes quant à la crédibilité du pasteur, mais a blâmé le ministère public pour n’avoir pas apporté des preuves suffisantes. Une décision qui a suscité l’indignation de nombreux militants et observateurs, qui y ont vu une nouvelle illustration des failles du système judiciaire sud-africain face aux violences sexuelles.

Une arrestation sur fond d’expulsion annoncée

Malgré son acquittement, Timothy Omotoso n’était pas censé rester en Afrique du Sud. Déclaré persona non grata par les autorités, il devait être expulsé dès la fin du procès. Son appel ayant été rejeté, sa présence sur le territoire est désormais considérée illégale. Son arrestation par la police et les services de l’immigration, au moment même où il sortait de l’église, marque donc l’ouverture d’un nouveau front judiciaire. Il comparaîtra lundi 12 mai devant un tribunal sud-africain pour répondre de ces infractions.

Cette affaire, au-delà de son aspect sensationnaliste, met en lumière les tensions profondes entre foi, pouvoir, genre et justice en Afrique du Sud. Elle pose également la question du traitement réservé aux figures religieuses influentes, souvent perçues comme intouchables. Pour beaucoup, Timothy Omotoso incarne une dérive inquiétante du charisme religieux, mêlée à une impunité systémique.

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