Afrique du Sud : l’envoi de troupes en RDC fortement critiqué


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Cyril Ramaphose, Président d'Afrique du Sud
Cyril Ramaphose, Président d'Afrique du Sud

Depuis quelques semaines, le gouvernement sud-africain a déployé des troupes pour soutenir l’armée congolaise dans sa lutte contre le M23. Mais en Afrique du Sud, cette décision de Cyril Ramaphosa passe mal aux yeux de l’opposition.

L’Afrique du Sud a envoyé un contingent de quelque 2 900 soldats dans le cadre de la force de la SADC déployée en RDC pour lutter contre le M23. Ceci en remplacement de la force de l’EAC remerciée pour son manque d’efficacité. Deux des soldats sud-africains ont perdu la vie, il y a quelques jours, près de Sake, dans l’Est de la RDC. Suffisant pour que l’opposition au pouvoir de Cyril Ramaphosa monte au créneau pour dénoncer, avec véhémence, la décision du Président sud-africain d’envoyer des troupes dans le cadre de cette force sous-régionale.

L’EFF et l’Alliance démocratique vent debout contre l’envoi de troupes en RDC

«Notre armée ne peut même pas surveiller des choux, ils ne serviraient à rien dans ma ferme. Nous n’avons pas les capacités, l’ANC a détruit l’armée», s’indigne le leader du parti Economic freedom fighters (EFF), Julius Malema, qui souligne l’incompétence notoire de l’armée sud-africaine du fait des décisions du parti au pouvoir.

Les critiques de l’Alliance démocratique, l’autre parti d’opposition, ne sont pas moins acerbes. Pour les responsables de ce parti, la décision du Président Ramaphosa d’envoyer ces soldats en RDC s’apparente à leur condamnation à la mort puisqu’ils sont sous-équipés et mal entraînés pour manœuvrer sur un terrain aussi complexe que celui de l’Est de la RDC. Le journaliste spécialisé dans les questions militaires, Darren Olivier, abonde dans le même sens que les deux partis d’opposition. En témoignent ses propos rapportés par RFI : «Les coupures budgétaires, d’ampleur et répétées, fragilisent l’armée. Elles réduisent sa capacité à s’engager à l’extérieur et à mener ce genre d’opérations complexes. Pour moi, c’est irresponsable d’envoyer un contingent équipé de la sorte, compte tenu du niveau de menace et de préparation d’un groupe aussi nombreux que le M23».

La question de l’Est congolais en marge des obsèques du Président namibien

Ce week-end, à l’occasion des obsèques du Président namibien qui ont réuni plusieurs chefs d’État africains, Cyril Ramaphosa a initié des discussions avec le Congolais Félix Tshisekedi, le Malawite Lazarus Chakwera, le Burundais Évariste Ndayishimiye. Tous ces chefs d’État ont envoyé des troupes aux côtés des FARDC. Les quatre dirigeants auraient discuté des dispositions utiles pour une meilleure coordination de leur action sur le terrain.

Ces dernières semaines, les combats se sont intensifiés entre le M23 et les forces armées congolaises et leurs alliés. De même, les condamnations internationales fusent notamment contre le Rwanda qui passe pour le soutien du M23. Parmi les condamnations les plus incisives, il y a celles de Paris, émises le 20 février, par le Quai d’Orsay, à travers un communiqué. «La France est très préoccupée par la situation dans l’Est du Congo, dans le Nord-Kivu et en particulier autour de Goma et de Sake. Les atteintes à l’intégrité territoriale de la RD Congo et la situation des populations civiles sont inadmissibles», lit-on dans ce communiqué.

«La France, ajoute le communiqué, condamne la poursuite des offensives du M23 avec le soutien du Rwanda, et la présence des forces rwandaises sur le territoire congolais». Et le ministère des Affaires étrangères de lancer un appel solennel aux autorités rwandaises : «Nous appelons le Rwanda à cesser tout soutien au M23 et à se retirer du territoire congolais».

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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