Affaire Germaneau : la France négociait-elle avec Al-Qaïda ?


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D’après les islamistes d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), Michel Germaneau, humanitaire français enlevé le 19 avril 2010 au nord du Niger, aurait été exécuté le samedi 24 juillet en représailles à la tentative de libération opérée deux jours auparavant par l’armée mauritanienne et les forces françaises. Cette intervention près de la frontière entre la Mauritanie et le Mali aurait eu lieu en pleine négociation entre les terroristes et le gouvernement français. Paris dément.

Nouveau rebondissement dans l’affaire Germaneau, les sites islamistes ont repris le message radio de l’AQMI du 25 juillet dernier pour en sortir un nouvel extrait. Dans ce dernier (encore non authentifié), diffusé le dimanche 1er août notamment par Al-Jazeera, on peut entendre le chef d’AQMI, l’algérien Abdelmalek Droudkal, déclarer « honte à la France et à son président qui a lancé son raid alors que des négociations étaient en cours ».

Mais la France se défend d’avoir rompu les négociations. Ce lundi matin, le porte-parole du Quai d’Orsay a démenti l’affirmation du chef d’AQMI et déclaré qu’il était inutile de faire de nouvelles déclarations à ce sujet. Hervé Morin avait d’ailleurs annoncé le 26 juillet que le groupe terroriste n’avait « jamais eu de revendications précises ». Le ministre français de la défense avait même ajouté que les ravisseurs auraient «refusé toute discussion pour permettre l’acheminement de médicaments dont Michel Germaneau avait besoin pour ses problèmes cardiaques».

Dans le gouvernement français, on s’agite. La semaine dernière, Bernard Kouchner était en visite au Sahel, et le premier ministre François Fillon a assuré le 27 juillet sur Europe 1 que « le crime ne resterait pas impuni » et que la France avait « des accords avec les gouvernements de la région et en particulier avec le gouvernement mauritanien, avec le gouvernement malien, pour traquer ces terroristes et les livrer à la justice ».

Reste maintenant à savoir l’essentiel : en effet, le but exact du raid n’est plus très clair, les autorités maliennes ont déclaré ne pas avoir été mises au courant de cette opération s’effectuant pourtant à leur frontière… De plus, François Fillon a émis l’hypothèse que l’humanitaire français de 78 ans était peut-être déjà mort, la dernière preuve tangible de vie datant du 14 mai. La lumière est donc encore loin d’être faite sur cette affaire dont une des conséquences directes aura été de créer de nouvelles tensions. Le chef d’AQMI en Mauritanie, El Khadim Ould Semane, a notamment déclaré au quotidien privé Nouakchott Info que « nous ne resterons jamais tranquilles tant que le sang français n’aura pas été versé ».

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