66e Festival de Cannes : Mahamat-Saleh Haroun et Abdellatif Kechiche en compétition


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La 66e édition du Festival de Cannes accueille un film africain en compétition, « Grigris », et offre au cinéaste tchadien Mahamat-Saleh Haroun la deuxième occasion de prétendre à une Palme d’or. Le Franco-tunisien Abdellatif Kechiche est aussi en compétition avec « La Vie d’Adèle« .

L’Afrique est-elle représentée dans la course à la Palme d’or ? C’est une question, désormais rituelle, que se posent tous les cinéphiles africains à l’annonce de la sélection du Festival de Cannes. La réponse pour l’édition 2013 qui a été dévoilée ce jeudi : « Grisgris » du réalisateur tchadien Mahamat-Saleh Haroun. Ce film succède à Après la bataille de l’Egyptien Yousry Nasrallah, seul prétendant africain à la Palme d’or en 2012. Après Un Homme qui crie et son Prix du jury, Mahamat-Saleh Haroun se retrouve pour la deuxième fois en compétition avec une œuvre dont le héros, Grigris, prête son nom au film. La paralysie du jeune homme n’a point d’emprise sur sa passion pour la danse. A contrario de la maladie de son oncle qui le contraint à se lancer dans le trafic d’essence.

Thierry Frémaux veut «s’occuper» de Nollywood

Autre cinéaste dont le continent peut se réclamer dans la compétition, le Franco-tunisien Abdellatif Kechiche qui signe La Vie d’Adèle et à qui l’on doit le magnifique long métrage La Graine et le mulet. Deux cinéastes africains, certes, mais le cinéma du continent demeure toujours sous-représenté dans la compétition. A l’instar du cinéma indien dont le centenaire sera célébré sur la Croisette cette année. « Si on compare le cinéma indien et le cinéma africain, leur présence soulève la même question mais la réponse n’est pas la même. On voit beaucoup de films indiens mais très peu de films africains », explique le délégué général Thierry Frémaux. « Il est toujours complexe, poursuit-il, de bien rappeler que si le film de Haroun est en compétition, ce n’est pas parce qu’il est africain. C’est parce qu’il a fait un beau film, qu’il est l’un des auteurs contemporains qui compte et nous sommes heureux de l’accueillir. Et à travers lui, de saluer le fait que dans toutes ses difficultés, l’Afrique continue, entre autres, à faire du cinéma. » Le délégué général du Festival de Cannes ne cache d’ailleurs pas son intérêt pour la deuxième industrie cinématographie du monde, le cinéma nigérian baptisé Nollywood. « Il va falloir qu’on s’occupe d’eux. S’ils ne viennent pas à nous, il faut qu’on aille vers eux. »

En attendant Mahamat-Saleh Haroun et Abdellatif Kechiche côtoieront dix-sept autres cinéastes du monde entier. Parmi les réalisateurs en compétition, l’Américain Steven Soderbergh qui présentera Ma vie avec Liberace (Behind the Candelabra) avec Michael Douglas et Matt Damon. Le cinéaste assure que c’est son dernier film. Son premier, Sexe, mensonges et vidéo lui avait valu une Palme d’or. Après The Artist, un autre film en noir et blanc débarque sur la Croisette : Nebraska d’Alexander Payne. James Gray et son acteur fétiche Joaquin Phoenix seront également à Cannes avec The Immigrant. Joel et Etan Cohen, les réalisateurs de No Country for Old Men dans la course à la Palme en 2007, renouent pour la 8e fois avec la compétition avec Inside Llewyn Davis. Asghar Farhadi, le cinéaste iranien qui a réalisé Une séparation – Oscar du meilleur film étranger en 2012 – aura aussi son mot à dire avec Le Passé dont Tahar Rahim est l’une des têtes d’affiche. Nicolas Winding Refn et Ryan Gosling, deux ans après Drive qui était reparti avec le prix de la mise en scène, sont en lice avec Only God Forgives. Arnaud des Pallières, l’un des six réalisateurs français en compétition, signe Michael Kohlhass et met en scène Mads Mikkelsen, prix d’interprétation masculine l’année dernière à Cannes. Un prix pour Il Divo en 2008, une candidature avec This Must Be the Place en 2011 et une question en 2013 : La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino repartira-t-il avec un prix ? Au total, une offre alléchante, où la France et le Japon (Wara no tate de Takashi Miike et Soshite chichi ni naru de Kore-Eda Hirpkazu) sont fortement représentés, pour un président du jury nommé Steven Spielberg.

Les dessinateurs Dilem et Willis from Tunis sur la Croisette

Outre la compétition, l’édition 2013 fait d’autres petits clins d’œil au continent. Le film de clôture Zulu de Jérôme Salle avec notamment Forest Withaker, distingué à Cannes pour Bird de Clint Eastwood en 1988, aura pour décor l’Afrique du Sud. Autre présence à noter, celle de trois projets portés par des réalisateurs africains à l’Atelier de la Cinéfondation, découvreur et promoteur de talents du Festival de Cannes : le Sud-Africain Teboho Josha Edkins (Days of cannibalism), les Egyptiens Jasmina Metwaly et Philip Rizk (Out/in the streets) et l’Ethiopien Yared Zeleke (Lamb). Maji-Da Abdi, actrice, réalisatrice et productrice éthiopienne est d’ailleurs l’une des membres du jury de la Cinéfondation et des courts métrages présidé par l’Australienne Jane Campion.

La 66e édtion du Festival de Cannes, qui se tiendra du 15 au 26 mai, fera enfin la part belle aux dessinateurs de presse, surtout ceux qui officient dans des pays « où la liberté d’expression ne va pas de soi », souligne Gilles Jacob, le président du Festival de Cannes. L’Algérien Dilem et le Tunisien Willis from Tunis (Tunisie) participeront à une vente aux enchères au profit de Cartooning for peace, initiative dont est à l’origine le dessinateur français Plantu.

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