Perpignan : calme précaire après les émeutes


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Un calme précaire plane ce lundi sur Perpignan, après une nuit agitée par des émeutes violentes. Des Maghrébins ont en effet brûlé des voitures et saccagé des devantures de boutiques pour protester contre le meurtre d’un Français d’origine marocaine, dimanche, dans cette ville du Sud de la France. Selon un récent bilan, les débordements ont fait une dizaine de blessés et les forces de l’ordre ont placé « 43 personnes » en garde à vue, a expliqué à Afrik.com la préfecture de Perpignan.

Perpignan retrouve peu à peu le calme. Un calme précaire après une nuit de violences, causées par la mort, dimanche soir dans cette ville du Sud de la France, d’un Français d’origine marocaine. Si l’auteur du meurtre n’est pas encore formellement identifié, certains témoignages attestent du fait que des gitans sont en cause. De quoi exacerber la colère de la communauté maghrébine, déjà endeuillée par la disparition du Franco-Algérien Mohamed Bey Bachir, battu à mort le 22 mai dernier par un groupe de Gitans. Au terme des violences, les autorités comptaient une dizaine de blessées et « 43 personnes » placées en garde à vue, a expliqué à Afrik.com la préfecture de Perpignan.

Aucune certitude sur l’identité du tueur

Driss, le prénom de la victime de dimanche dernier, a été abattu de quatre balles devant son domicile, situé dans le quartier Saint-Matthieu. « Un homme vêtu d’un tee-shirt noir et la visière d’une casquette noire rabattue sur les yeux, arrivé et reparti à pied, a tiré quatre fois sur la victime le touchant à la tête, au thorax, à l’abdomen et à la hanche. D’après les premières constatations il a utilisé une arme de poing de calibre 9 », a expliqué le procureur de la République Jean-Pierre Dreno lors d’un point presse organisé à 2 heures du matin. La description du meurtrier présumé a été donnée par un voisin du défunt. Mais d’autres témoignages, jugés comme étant de « deuxième ou troisième main » par les autorités, accusent un groupe de Gitans à bord d’une voiture.

Dans l’incertitude, et pour éviter une escalade de violence entre Maghrébins et Gitans, le sénateur-maire de Perpignan, Jean-Paul Alduy, a appelé au calme « d’autant que rien ne permet de dire encore qui a tué ». Les autorités ont ajouté que « rien ne permet pour le moment de dire si le tireur était gitan, arabe ou européen ». « C’est un embrasement qui est complètement irrationnel. A aucun moment, il n’a été dit que c’était un membre de la communauté gitane qui avait commis ce meurtre, loin de là », a renchéri le directeur départemental de la sécurité publique Henri Castets sur la radio RTL.

Une enquête ouverte sur les deux assassinats

La thèse qui incrimine des Gitans semble avoir convaincu quelques groupes de Maghrébins qui, à l’annonce de la mort de Driss, sont remontés du quartier Saint-Matthieu vers celui de Saint-Jacques, où vivraient certains Gitans. Sur leur passage, des poubelles et des voitures ont été incendiées ou dégradées et des vitrines brisées. Pour maîtriser la situation, un important dispositif sécuritaire a été déployé dans la ville. Depuis le meurtre de Mohamed Bey Bachir, trois compagnies de 80 CRS (Compagnies républicaines de sécurité) étaient postées dans la ville, mais face aux événements de dimanche soir, les renforts de Marseille, Toulouse et Bordeaux ont été sollicités. Bilan des affrontements entre Maghrébins, Gitans et police : « Huit blessés et 43 personnes en garde à vue ce (lundi, ndlr) matin à 8 heures », explique-t-on à la préfecture de Perpignan.

Alors qu’une enquête est ouverte sur chacun des deux crimes, d’aucuns estiment que les meurtres sont de simples et tristes faits divers, des drames qu’il ne faut pas généraliser. Certains soulignent d’ailleurs que les deux communautés co-habitaient sans problème. Ou presque. « Cela fait dix ans que je suis à ce poste et je n’ai jamais vu de réels affrontements entre les Maghrébins et les Gitans », assure une employée de la préfecture. « La cohabitation se passait bien jusqu’à présent. Espérons que les choses se calmeront. Car la situation peut très mal finir », ajoute pour sa part Aïcha, une Maghrébine de 30 ans.

Par mesure de sécurité, des professeurs ont demandé aux familles de ne pas envoyer leurs enfants à l’école ce lundi. Le dispositif sécuritaire est toujours en vigueur. Au cas où.

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