Dieudonné à Alger


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L’humoriste français Dieudonné est parti à la rencontre du public algérien avec son spectacle, « Mes excuses ». Salle comble, l’artiste, controversé en France suite à un sketch polémique qui lui a valu des accusations d’antisémitisme, a su conquérir le cœur des Algérois.

La salle affichait complet depuis plusieurs jours déjà. L’humoriste français Dieudonné était attendu de pied ferme à Alger et il a mené son spectacle « Mes excuses » devant un parterre déjà conquis. Précédé de « L’affaire Dieudonné » qui l’a mis au ban des salles de spectacle hexagonales, Dieudo est très apprécié par la majorité des Algérois pour ses prises de position et ses critiques à l’encontre de la politique du gouvernement israélien. Avant même son entrée en scène, un extrait sonore déclenche les cris et les sifflets de la salle : ce sont les excuses, faites en direct à la télévision, par Marc-Olivier Fogiel. C’est dans l’émission de ce dernier, « On ne peut pas plaire à tout le monde », que Dieudonné, coiffé du chapeau noir et des papillotes des juifs ultras, a ponctué son sketch d’un « Heil Israel » qui a choqué la communauté juive de France.

Le public algérois a donc mis d’emblée l’humoriste à l’aise et s’est même permis quelques échanges avec lui pendant le spectacle. Un spectacle bien construit et rudement mené dans lequel Dieudonné fait quelques clins d’œil, comme un hommage à Nougaro ou une réflexion sur le « régime » des intermittents du spectacle. Ses ingénieurs du son et de la lumière travaillent sur scène en tenue de camouflage et en casques (bleus), barricadés derrière un grillage. Symbolisant la guerre livrée par les médias français à Dieudonné, ils s’érigent aussi en censeurs ou en mouches du coche…

Association des racistes anonymes

Le reste du spectacle tourne bien sûr autour du sketch par lequel le scandale est arrivé et du lynchage médiatique qui a suivi. « J’étais l’Axe du Mal à moi tout seul », explique Dieudo. Ou encore : « On m’a soupçonné d’être la branche humoristique d’Al Qaïda ». Ironisant : « Je suis obligé de venir en Afrique pour faire mon métier ! » On peut regretter certains relents de « complot sioniste mondial » qui affleurent dans son discours et Dieudonné se fait parfois un peu trop démago face à un public dont il connaît les codes.

Mais il sait aussi se montrer plus fin. Dans la scène de l’Association des racistes anonymes, ou dans la façon dont il parle de l’auto-censure et de ses personnages qui ont vie propre (« il faudrait les fouiller avant d’entrer sur scène »). Il démontre par le rire à quel point le déchaînement médiatique dont il a été victime a été exagéré. Et combien sa mise à l’écart des salles et les différentes annulations de ses spectacles ont été honteuses. « Moi l’humour, c’est fini, c’est trop dangereux ! Maintenant je vais faire de la musique. Un Noir qui fait du zouk, ça ne dérange personne ! », lance-t-il en préambule. Du zouk ? Pourquoi pas, mais alors aussi acide et grinçant que l’humour déployé dans ce spectacle !

« Mes excuses », Dieudonné, les 16 et 17 février, salle Ibn Khaldoun, Alger-centre.

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