Nord-Mali : le MNLA et Ançar Dine rompent leur alliance


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La fusion annoncée samedi entre le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et Ançar Dine a éclaté ce lundi suite à des désaccords concernant l’application de la loi islamique.

Coup de théâtre. Après avoir annoncé samedi leur fusion au sein d’un Conseil transitoire de l’Etat islamique de l’Azawad, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et Ançar Dine ont rompu leur alliance lundi. Ce divorce serait dû à des désaccords liés à l’application de la loi islamique. « Nous avons refusé d’approuver le communiqué final, parce qu’il est différent du protocole d’accord que nous avons signé (samedi, ndlr). Toute la journée d’aujourd’hui, nous avons discuté, mais il n’y a pas eu d’entente », a déclaré à l’AFP Ibrahim Assaley, élu du Nord-Mali et membre du MNLA.

D’après Ibrahim Assaley, « dans le communiqué écrit par Ançar Dine, on parle d’application de la charia (loi islamique) pure et dure, on parle aussi d’interdire le Nord aux organisations humanitaires non-musulmanes. Ce n’était pas précisé dans le protocole d’accord ». Selon lui, « c’est comme si on voulait nous dissoudre dans Ançar Dine », jugeant que « les exigences du groupe islamiste sont dignes d’une organisation religieuse. On n’a pas accepté ça. »

« C’est à prendre ou à laisser ! »

Il n’est pas question de céder aux réclamations des Touaregs pour le chef du groupe islamiste Ançar Dine, Iyad Ag Ghaly. Sa position est intransigeante : « C’est à prendre ou à laisser ! » Selon Moussa Ag Achérif, l’un de ses proches, « quand on a lu le communiqué, il y a eu des gens du MNLA qui ont dit qu’il faut corriger des choses. Nous avons refusé ! »

Ces discordes entre les deux partis n’ont rien d’étonnant. Les deux groupes n’ont pas la même idéologie. Ançar Dine souhaite instaurer la charia dans tout le Mali. Un projet que le MNLA a toujours rejeté. Mais les rebelles touaregs sont actuellement en position de faiblesse face aux islamistes qui se sont renforcés. Ançar Dine a un soutien de taille, Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). « Ils ont consolidé leurs relations », selon un imam de Tombouctou. Une rencontre s’est tenue de jeudi à lundi dans la ville entre Iyad Ag Ghaly et ses hommes, les principaux chefs d’Aqmi ainsi que le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao), présenté comme dissident d’Aqmi.

Cette alliance rompue entre le MNLA et Ançar Dine est un véritable coup du sort pour Bamako qui ignore toujours comment venir à bout de la crise malienne. Le gouvernement de Cheikh Modibo Diarra et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avaient fermement condamné la fusion entre les deux mouvements. La Cedeao a dénoncé « la tentative de création d’un Etat islamique dans le Nord du Mali » et affirmé à nouveau qu’elle « est prête à prendre toutes les mesures nécessaires en vue de préserver l’intégrité territoriale du Mali ». Une intégrité territoriale qui semble déjà perdue depuis que le Mali a été coupé en deux.

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