Lorsque le monde parlait arabe…


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calligraphie du K et du N

Le mois de mars permet à la chaîne TV5 de diffuser une série exceptionnelle de 12 documentaires de 26 minutes écrite par l’intellectuel égyptien Mahmoud Hussein, et réalisée par Philippe Calderon.

Le mois de mars permet à la chaîne TV5 de diffuser, en particulier à destination de l’Afrique et du Maghreb, une série exceptionnelle de 12 documentaires de 26 minutes écrite par l’intellectuel égyptien Mahmoud Hussein, et réalisée par Philippe Calderon. Programmée tous les dimanches à 12h00 (t.u.) et rediffusée les lundis à 2h00 du matin (t.u), cette oeuvre constitue une traversée de la civilisation arabe à son apogée, sous la conduite éclairée d’un spécialiste de la culture et de la pensée de l’Islam.

Entre les IXème et XIIème siècles, la fin de l’Empire Romain d’Occident et les rivalités des Empires perse et byzantin conduisent ailleurs le flambeau de la vie intellectuelle méditerranéenne : Bagdad, la ville des  » Mille et une nuits « , devient la capitale d’une immense civilisation qui s’étend, à son apogée, de l’Asie centrale à l’Espagne.

Vivier culturel, dynamisme intellectuel

C’est l’époque des grands voyageurs arabes, navigateurs et commerçants infatigables, qui tracent les grandes routes d’échanges vers le Sud et l’Orient, installant leurs comptoirs jusque dans la lointaine Chine, et semant, jusqu’aux extrémités ultimes de l’arc islamique, en Indonésie, la parole du Prophète. C’est l’époque des penseurs, mathématiciens, astronomes, médecins, savants, philosophes et théologiens qui reprennent l’héritage de l’Antiquité gréco-romaine, traduisent et commentent Aristote, Platon et Ptolémée…

Alors que les autres pays riverains de la Méditerranée s’enfoncent dans un Moyen-Age de dissensions et de guerres perpétuelles, c’est la civilisation islamique qui voit germer les idées et les esprits les plus novateurs, d’Avicenne à Averroès… Serviteurs d’une foi d’autant plus forte qu’elle défend des principes de tolérance religieuse et de dialogue entre les cultures.

Dès le XIIème siècle, les penseurs européens, et principalement les moines, frange intellectuelle de la société médiévale, puisèrent largement dans ce patrimoine arabe qui s’était fait l’intermédiaire, le relais et le continuateur de l’héritage philosophique et scientifique de l’Antiquité. Les fleurs de la pensée des cours rivales de Bagdad et Cordoue, une fois traduites en latin, vinrent alors fertiliser la rhétorique scolastique…

Aux sources de la Renaissance

Etape et achèvement à la fois, cette culture élaborée au coeur de la tradition musulmane portait des valeurs et des principes esthétiques, moraux, collectifs, qui dépassaient largement la dimension religieuse pour définir à la fois une organisation sociale, une conception du monde, une structure familiale et économique. Et l’invention de l’amour courtois, lors de la  » petite Renaissance  » du XIIème siècle, a sans doute constitué le prolongement esthétique le plus durable de la poésie amoureuse des cours arabes, avec la bénédiction de l’Eglise…

Influence cruciale que la Renaissance humaniste qui commence au XVème siècle, s’efforcera de dépasser, et de gommer, en même temps que les armées de l’Espagne très chrétienne disloqueront puis déferont le Califat de Cordoue. Une nouvelle étape de l’histoire de la pensée universelle s’ouvrira…

Le talent des auteurs de cette série documentaire est donc de restituer dans sa vraie grandeur l’apport décisif de la civilisation islamique au progrès de la culture et de la conscience humaine. Il fallait le faire. C’est une réussite. Bravo à Mahmoud Hussein, et merci à TV5 de diffuser cette oeuvre !

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