Madagascar : bientôt le bout du tunnel ?


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Un premier ministre de transition, Eugène Mangalaza, a été nommé dimanche par consensus. Il doit former un nouveau gouvernement représentant les quatre mouvances de la crise de la Grande Île. L’ancien premier ministre Monja Roindefo refuse de quitter son poste. Marc Ravalomanana de son côté refuse toujours d’accepter le putsch qui l’a évincé du pouvoir. Les médiateurs internationaux espèrent encore obtenir la stabilité politique de Madagascar, en vue des élections de 2010.

Début de victoire pour la communauté internationale, qui depuis deux mois tente de débloquer les négociations, pour la mise en place d’une transition à Madagascar. Andry Rajoelina, le président de la Haute Autorité de transition a publié, dimanche, un décret nommant un nouveau premier ministre. Son nom : Eugène Mangalaza. A la différence de Monja Roindefo, que l’homme fort d’Antanarivo s’entêtait à maintenir en poste contre l’avis des autres mouvances politiques, bloquant de ce fait l’application des accords de Maputo sur le partage du pouvoir, Eugène Mangalaza fait l’objet d’un large consensus. C’est en effet au bout de dix heures de discussion mardi dernier à Antananarivo, sous l’égide du groupe du Groupe international de contact (GIC) élargi au Secrétaire général de l’Union Africaine jean Ping et à Alain Joyandet le Secrétaire d’Etat français à la coopération, que les principales mouvances de la crise malgaches sont tombées d’accord sur sa personne. L’accord signé ce jour-là désigne également un vice président de transition, le Dr Emmanuel Rakotovahiny, qui fut Premier ministre de 1993 à 1996, sous le règne d’Albert Zafy.

De l’université à la primature

Agé de 59 ans, Eugène Mangalaza est un proche de l’ancien président Didier Ratsiraka, mais il est réputé neutre. Diplômé de l’université de Bordeaux III, il a été président de l’université de Toamasina. Peu après le déclenchement de la crise malgache, il avait quitté le pays pour aller enseigner en Suisse et en France. Samedi dernier, il a quitté Paris pour Madagascar, où il doit, dans les prochains jours, former un nouveau gouvernement.
Mais sa tâche risque d’être ardue, en dépit de son adoubement par la communauté internationale. Le nouveau Premier ministre doit en effet affronter d’entrée de jeu une forte hostilité de son prédécesseur, Monja Roindefo. Celui-ci a indiqué qu’il n’entendait pas céder sa place. Il vit son éviction comme une trahison, de la part d’Andry Rajoelina, dont il a été le bras droit. «Dans la configuration actuelle, nous allons perdre tous les acquis de la lutte populaire et revenir à la case départ», a-t-il déclaré samedi à Antananarivo, ajoutant que « Le gouvernement que je dirige (…) continue de travailler». Pour lui, il aurait d’abord fallu « débattre le dossier électoral, avant de discuter la répartition des postes ».

Marc Ravalomanana demeure un élément incertain

La persistance de la rivalité entre Ravalomanana et Rajoelina pourrait également compliquer la tâche d’Eugène Mangalaza. Le président déchu lors du coup d’Etat de mars dernier digère toujours mal le maintien de son adversaire au pouvoir. Lors de la réunion de mardi dernier avec les médiateurs internationaux, le représentant de la mouvance Ravalomanana a ainsi déclaré que qu’Andry Rajoelina doit s’engager ouvertement à ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle.
L’hostilité de Ravalomanana est telle que son représentant n’aurait peut-être pas signé les accords de mardi dernier, qui ont permis d’entamer la mise en place du gouvernement de transition.
Le représentant de l’Union africaine, Jean Ping, ne désespère cependant pas d’obtenir des quatre mouvances politiques malgaches, une consolidation des accords de mardi. Lors d’une conférence de presse donnée à la fin de la réunion de mardi, il a invité les quatre mouvances à aller poursuivre leur dialogue dans un autre pays. Une ultime rencontre, pour renforcer le consensus, et ramener durablement la sérénité dans le pays.

Par ailleurs, le nouveau Premier ministre peut compter sur la solidarité des membres du gouvernement sortant. Réunis au sein d’un collectif, ceux-ci ont clairement désavoué Monja Roindefo, leur ancien patron, dans un communiqué. «Nous ne recevons plus d’ordre de sa part », ont-ils écrit.
On n’est sans doute pas au bout de la crise malgache. Mais un pas important semble avoir été franchi.

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