France-Gabon : quels intérêts Robert Bourgi sert-il ?


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Robert Bourgi
Robert Bourgi

Peu de gens s’y trompaient, mais les faits sont désormais clairement exposés. Le secrétaire d’Etat français à la coopération Jean-Marie Bockel, qui souhaitait « signer l’acte de décès de la Françafrique » a bien été débarqué pour son excès de zèle par le président Nicolas Sarkozy. Feu le président gabonais Omar Bongo avait obtenu de la France qu’elle revienne au cynisme de la realpolitik par l’intermédiaire de l’avocat Robert Bourgi. Cette révélation tombe mal pour Sarkozy, alors que sa crédibilité est déjà très entamée sur le continent africain.

Invité de la radio RTL lundi matin, l’avocat français d’origine libanaise Robert Bourgi n’a pas su garder pour lui le détail des discussions entre la France et le Gabon sur l’éviction du secrétaire d’Etat français à la coopération Jean-Marie Bockel. Bourgi affirme avoir porté à Nicolas Sarkozy « le message ferme et voilé de menaces du président Omar] Bongo ». Le président français lui aurait répondu : « Ecoute, dis à Omar […] et aux autres chefs d’Etat que M. Bockel partira bientôt et sera remplacé par un de mes amis ». Ancien socialiste rallié à l’Union pour un mouvement populaire (UMP), Bockel est débarqué par Sarkozy à l’occasion d’un remaniement gouvernemental, remplacé par Alain Joyandet. L’ancien secrétaire d’Etat [avoue alors ses regrets, mais doit prendre acte.

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Sulfureux homme de l’ombre, Robert Bourgi est proche de Nicolas Sarkozy, mais également de plusieurs dirigeants africains comme les président Abdoulaye Wade (Sénégal) et Denis Sassou-Nguesso (Congo). Jusqu’à la mort d’Omar Bongo, Bourgi a développé de véritables liens avec le président gabonais, détaillés le 29 août par une enquête du Monde. Quand en janvier 2008, Bongo juge que Bockel mène une politique « inacceptable », c’est donc à Bourgi qu’il fait appel.

Souvent décrit comme un conseiller officieux de l’Elysée, la parole de l’avocat est surtout redoutée par l’entourage du président car elle porte aussi les intérêts de certains dirigeants africains. Très sûr de lui, Bourgi déclare fin août aux journalistes du Monde que même si la France ne soutient aucun candidat, celui « de Robert Bourgi, c’est Ali Bongo », sous-entendant qu’il saura en parler à Sarkozy.

La visibilité médiatique de Bourgi et l’outrance de certains de ses propos ont considérablement nui à la crédibilité internationale du président français, qui apparaît désormais comme manipulé sur sa politique africaine. Et nombreux sont ceux qui voient dans la reconnaissance par la France de l’élection d’Ali Bongo ce lundi, avant même la fin des procédures de recours déposées par l’opposition un signe de la connivence entre le pouvoir français et le clan Bongo.

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