François Bozizé présente le Kwa Na kwa


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Le chef de l’Etat de la République Centrafricaine, en transit pour la Chine, à fait escale ce lundi à Paris. L’occasion, pour François Bozizé, d’une large Conférence de presse où il a notamment pu revenir sur le parti politique qu’il vient de créer, le Kwa Na Kwa, et faire le point sur la situation de l’actuel processus de développement du pays et la toute récente annulation de sa dette par le FMI.

Kwa Na Kwa (« le travail, rien que le travail », en langue sango). Le mouvement de convergence politique, lancé par François Bozizé au lendemain du renversement d’Ange Félix Patassé en mars 2003, s’est mué en parti politique le 21 août dernier. Le chef de l’Etat, élu en 2005, et qui gouvernait jusque-là sur la base d’une majorité présidentielle, a désormais sa propre famille politique. Une décision qui intervient quelques mois avant la fin de son mandat en mars 2010, dans un contexte jugé propice par le Président après l’annulation, le 30 juin dernier, de la dette nationale par le Fonds monétaire international dans le cadre du programme PPTE (Pays pauvres très endettés).

 Qu’est ce que le Kwa Na Kwa ?

François Bozizé :
La République centrafricaine est un pays qui a connu des moments difficiles et qui doit se reconstruire après tous les événements qu’il a connu. Il fallait mettre à sa disposition les outils qui puissent permettre aux Centrafricains de rattraper le retard que nous avons connu avec un parti qui tire ses sources des réalités centrafricaines. Le Kwa Na Kwa est un parti travailliste d’obédience sociale démocrate. Son objectif est de mobiliser la population, la conscientiser et d’aller dans le sens du développement, dans le sens de la lutte contre la pauvreté : par le travail. Ce n’est que par le travail que nous pouvons changer la situation que nous connaissons dans le pays. Le Kwa na Kwa est un outil pour combattre la fainéantise, la paresse et le laxisme. C’est un parti différent des autres, dans le sens où ce n’est pas un parti de théories. Nous ne voulons pas nous étendre avec d’autres théories, car nous risquerions de ne rien faire. C’est ce que les autres ont fait depuis ce temps et ils n’ont pas pu réaliser quoi que se soit dans le pays. Nous fêtons notre cinquantenaire l’année prochaine et le pays est pire qu’à l’époque où nous avons eu l’indépendance. Les théories ne donnent pas à manger au peuple centrafricain et ne résolvent pas les vrais problèmes du pays comme la pauvreté criarde, les problèmes sociaux, l’éducation, la santé…

 Pourquoi avez-vous décidé de lancer votre parti maintenant, à la veille des prochaines élections générales de 2010 ?

François Bozizé :
La République centrafricaine revient de loin. Ça tirait de toute part lors du changement du 15 mars 2003. Il fallait résoudre le problème de sécurité dans le pays pour pouvoir asseoir une structure capable de mener son action. C’est la raison pour laquelle nous avons attendu le temps qu’il convient pour la paix s’instaure et se consolide pour créer une dynamique nouvelle.

 Quel est exactement le programme de Kwa Na Kwa ?

François Bozizé :
Le Kwa Na Kwa est déjà un programme en soi. Le travail rien que le travail. Et ce n’est que par le travail que l’on peut entreprendre. L’Allemagne l’a fait, la Japon l’a fait, les Chinois le font actuellement. Bien sûr il faut régler les problèmes politiques en général, mais il faut porter l’effort sur le travail. Par la sensibilisation, la conscientisation, des jeunes, des femmes… C’est un travail de longue haleine. Ça ne se fera pas, comme ça, du jour au lendemain. Le bureau politique va s’organiser pour se rendre dans les différentes provinces du territoire national afin de connaître les problèmes des unes et des autres. Ces informations seront rapportées aux autorités centrales qui donneront les moyens de les traiter. Le 30 juin dernier, le FMI a annulé les dettes du pays dans le cadre du programme PPTE (Pays pauvres très endettés). Quelles sont les implications pour le pays?
Pour construire un pays dans le domaine économique il faut traverser des phases. Nous avons entrepris des contacts avec les institutions de Bretton Woods, c’était un combat difficile à mener. Nous avons atteint le PPTE il y a deux ans et tout dernièrement le point d’achèvement où une bonne partie de nos dettes esteffacée. Nous avons maintenant les coudées franches pour relancer notre économie et investir dans les secteurs prioritaires. Le peuple n’a pas à penser à autre chose qu’au travail, c’est par notre propre effort que nous pouvons transformer notre pays.

 Feu le Président Omar Bongo Ondimba a joué un important rôle de médiation en République centrafricaine. Il y a-t-il une personne qui a pris sa relève depuis sa disparition?

François Bozizé :
Le feu Président Bongo, paix à son âme, a beaucoup travaillé en ce sens. Je crois même que le doyen Bongo a fini de parachever le travail avant de nous quitter. Preuve en est : le DDR (le programme Désarmement, démobilisation , réinsertion, ndlr) fonctionne, j’en ai donné le coup d’envoi le 13 août dernier. La campagne de sensibilisation auprès des combattants, des notables et des autorités administratives a sillonné différents secteurs pendant près d’un mois et s’est terminée vendredi dernier. Le résultat est probant et indiscutable. Les rebelles ont suspendu leurs actions et libéré les voies. Il ne nous reste plus qu’à poursuivre la phase DDR proprement dite et le problème sera résolu. La caravane est composée des autorités des Nations Unies, de l’Union Européenne et des autorités centrafricaines parmi lesquelles notre ministre du Dialogue et de la réconciliation. La communauté internationale s’est par ailleurs investie à travers le Fonds de consolidation de la paix des Nations Unies. Les chefs d’Etat de la Cemac (Communauté économique et monétaire des Etats d’Afrique centrale, ndlr) ont également mis à contribution 5 milliards (CFA) sur les 8 promis pour l’opération.

 Existe-t-il un véritable gouvernement d’union nationale en Centrafrique ?

François Bozizé :
Le gouvernement d’union nationale existe actuellement depuis le dialogue politique inclusif. Nous avons des représentants de la majorité présidentielle, des représentants de la société civile et des ONG, de l’opposition armée, l’opposition démocratique, des femmes et des jeunes… L’élargissement se fait. Nous sommes ouverts, sauf aux hommes de mauvaise volonté. C’est par cette politique de main tendue que nous avons réalisé tout ce que nous avons fait jusque-là. Nous avons parcouru un long chemin dont nous pouvons nous féliciter. La presse est libre, les partis politiques exercent leurs activités librement. La démocratie fonctionne. Sans être démagogue, elle fonctionne même à 300 %. Je vous invite à vous rendre en Centrafrique. Mais n’allez pas en cachette voir un groupuscule retirer pour faire vos commentaires. Voyez les deux parties, l’opposition et le pouvoir en place. Ayez les deux versions et vous connaîtrez la vérité. Puisque la démocratie c’est la liberté, chacun parle à sa manière. Et celui qui parle fort est plus écouté. Nous n’avons pas cette gymnastique de bien entretenir la presse. [Nos détracteurs] gagnent du terrain à l’extérieur du pays, mais à l’intérieur, la population reconnaît le travail colossal qui a été entrepris jusque-là.

 Comment réagissez-vous aux déclarations de l’opposition qui entend suspendre sa participation au processus électoral ?

François Bozizé :
Ce sont les caprices de la politique politicienne. Ce sont des personnes qui veulent se faire voir. Le code électoral a été mis en place. La Commission électorale indépendante a été mise en place. Il ne reste plus qu’à désigner ses membres. L’opposition n’a rien à reprocher à ce que fait le pouvoir en place actuellement. Mais elle nous cherche des poux dans les cheveux pour se faire entendre. Il n’y a rien de grave. Ce sont des petites choses que nous résoudrons tranquillement.

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