Guinée-Bissau : le président Nino Vieira assassiné


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Joao Bernardo Vieira, le président bissau-guinéen, a été tué ce lundi matin, à Bissau, la capitale du pays. Il a succombé lors des représailles d’un groupe de militaires qui lui reprochait d’être l’un des responsables de la mort, dimanche soir, du chef d’état major de l’armée, le général Batista Tagme Na Wai. L’armée promet de respecter les institutions démocratiques.

« Le président Vieira a été tué par l’armée au moment où il tentait de fuir sa maison attaquée par un groupe de militaires proches du chef d’état-major Tagmé Na Waié ce matin (lundi) vers 4h (GMT) ». C’est en ces mots que Zamora Induta, capitaine de frégate, responsable des relations extérieures de l’armée, a annoncé la mort du président bissau-guinéen, ce lundi matin. Joao Bernardo Vieira, dit « Nino », 69 ans dont les 23 à la tête du pays, « a été fauché par des balles tirées par ces militaires».

Dans un communiqué publié ce lundi, l’état-major des forces armées a affirmé avoir la situation en main. Le commandement de l’armée a promis de respecter les institutions démocratiques. Selon les propos de Zamora Induta, le président a fait les frais de la mort du chef d’état major de l’armée, le général Tagmé Na Waié, tué dans un attentat à la bombe, dimanche soir. Nino Vieira est « l’un des principaux responsables de la mort de Tagmé », a-t-il indiqué. Tagmé Na Waié était dans son bureau au moment de l’explosion de la bombe. « Il a été grièvement atteint et n’a pas survécu à ses blessures », a indiqué à l’AFP son chef de cabinet, le lieutenant-colonel Bwam Nhamtchio. L’engin, de forte puissance, aurait été caché sous l’escalier conduisant au bureau du général Na Waié, et aurait été activé quand celui-ci a monté les premières marches.

Une rivalité entre le président et le chef des armées serait donc à l’origine de ce coup de force. Les deux hommes se sont mutuellement défiés ces derniers mois. En janvier, le général Na Waié, avait indiqué avoir été visé par une tentative d’assassinat fomentée par les proches du président Vieira. Des soldats en poste à la présidence auraient tiré sur sa voiture alors qu’il passait devant le palais présidentiel. Ils ont voulu me « liquider », avait-il indiqué. Le 23 novembre dernier, des mutins de l’armée régulière avaient tiré à l’arme lourde sur la résidence de Joao Bernardo Vieira. Deux gardes du corps avaient été tués. Le président Vieira avait alors reproché au chef d’état major le général Tagmé Na Waié de ne pas être intervenu.

« C’est la démocratie qu’on assassine »

Ce lundi, après l’annonce de la mort de Nino Vieira, le capitaine Zamora Induta a affirmé que « le pays va démarrer maintenant. Cet homme a bloqué tous les élans dans ce petit pays ». Joao Bernardo Vieira, a passé au total 23 ans à la tête du pays. Il a été réélu, en 2005, six ans après la fin de la guerre civile de 1998-1999 qui l’avait chassé du pouvoir.

Jean Ping, le président de la Commission de l’Union africaine, a qualifié ces derniers événements survenus en Guinée Bissau, d’actes «odieux et lâches». Il a indiqué avoir « pris contact avec des dirigeants de la région pour étudier les meilleurs moyens de faire face à la situation », ajoutant que « des consultations sont également en cours pour organiser une réunion d’urgence du Conseil de paix et de sécurité de l’UA. » La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), par la voix de Mohamed Ibn Chambas, son secrétaire exécutif, a également condamné ce coup de force. « C’est la démocratie qu’on assassine », a-t-il déclaré.

Avant la mort de Ninon Vieira, le Premier ministre Carlos Gomes Junior avait réuni le gouvernement, dans la nuit de dimanche à lundi, et créé une cellule de crise pour « suivre la situation », rapporte l’AFP. La Guinée Bissau, ancienne colonie portugaise qui a accédé à l’indépendance en 1974, a souvent été le théâtre de conflits. Depuis quelques années, le pays est devenu la plaque tournante du trafic de cocaïne de l’Amérique du Sud vers l’Europe.

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