Le président de Madagascar soupçonné de détournements de fonds


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Le président malgache est dans la ligne de mire de la communauté internationale. Selon une information révélée vendredi par RFI, la banque mondiale et le Fonds monétaire internationale (FMI) auraient gelé 35 millions de dollars d’aide destinés à Madagascar, en décembre. Ils reprochent à Marc Ravalomanana d’utiliser l’argent des Caisses de l’Etat pour alimenter son business personnel.

Le président malgache est dans le collimateur de la communauté internationale. D’après RFI, les bailleurs de fonds auraient bloqué 35 millions de dollars d’aide en décembre. Ils reprocheraient à Marc Ravalomanana de confondre les caisses de l’Etat avec son portefeuille personnel. Président et redoutable homme d’affaires, le chef de l’Etat malgache dirige d’importants groupes dans l’agroalimentaire comme « Tiko » et « Magro ». Une double casquette contestée par les bailleurs de fonds qui, depuis plusieurs années, exhortent Marc Ravalomanana à vendre ses entreprises pour éviter tout risque de conflit d’intérêts. L’achat, en décembre dernier, d’un Boeing 737 d’un montant de soixante millions d’euros a envenimé une situation déjà tendue.

La sanction des Bailleurs de Fonds

Selon RFI, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) auraient adressé une lettre au président. Les bailleurs de fonds lui auraient demandé des explications sur le financement de l’achat de cet avion et sur la loi exonérant l’huile végétale de la TVA et des taxes à l’importation, profitable au puissant groupe « Tiko ». Devant l’absence de réponses satisfaisantes de la part du président malgache, les bailleurs de fonds auraient décidé de geler l’aide de 35 millions de dollars accordée à Madagascar.

Des rumeurs sur de possibles détournements de fonds avaient déjà circulé jeudi. Le ministre de l’économie malgache, Ivohashima Razafimahefa, avait affirmé avoir été victime d’une agression, lors d’une visite en province, mardi, après l’annonce « de fausses informations », selon lesquelles il avait, dans son avion, « de l’argent (provenant) de la Banque centrale de Manakara » et qu’il allait « prendre des liquidités ou des biens publics à Farafanga (côte sud-est) ». « A cause de ces informations, la population s’en est prise à l’avion, en espérant qu’il y aurait une grosse somme mais évidemment ils n’ont rien trouvé. Déçus, ils ont décidé de le brûler », a précisé, jeudi, à l’AFP, Ivohashima Razafimahefa.

« Le moment est propice pour bien écouter ce que dit la population malgache »

Au regard de cet incident, les propos de l’ambassadeur des Etats-Unis, sur la Grande Ile, ne pouvaient pas mieux tomber. « Le moment est propice pour bien écouter ce que dit la population malgache. Elle exprime très clairement son mécontentement dans plusieurs sens. C’est le moment pour les uns et pour les autres de faire l’analyse de la situation et réagir avec une meilleure gouvernance », a déclaré, jeudi, Niels Marquardt. « Le choix des magasins qui ont été brûlés était un message assez fort dans cette affaire. Il ne faut pas trop mélanger les affaires privées et les affaires d’Etat », a-t-il ajouté.

Lundi 26 janvier, un rassemblement de plusieurs dizaines de milliers de personnes, à l’appel du maire élu d’Antananarivo, Andry Rajoelina, et contre le régime, a dégénéré en pillages et incendies volontaires de magasins appartenant notamment au groupe agro-alimentaire « Tiko ». « On voit bien qu’il y a beaucoup d’entreprises qui dépendent du président dans le pays, et là c’est plus difficile d’assurer la libre concurrence dans ces conditions », a encore dit M. Marquardt. « C’est un moment propice pour faire une réelle réévaluation » de la situation et « voir ce qu’on n’a pas perçu, ce qu’on pourrait faire mieux », a-t-il expliqué.

La communauté internationale avait à plusieurs reprises appelé au dialogue politique pour résoudre cette crise tout en insistant sur le respect de la constitution et de la légalité. Dans un communiqué des Nations Unis daté du 5 février, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon a dépêché Hailé Menkerios, son sous-secrétaire aux affaires politiques. Son rôle sera d’ « évaluer la situation dans le pays et réfléchir à ce que les Nations Unies pourraient faire pour aider à prévenir les violences et contribuer au retour de la paix et de la stabilité à Madagascar ». M. Menkerios se rendra à Madagascar du 7 au 10 février et aura des entretiens avec des responsables du Gouvernement et d’autres parties concernées.

Après avoir gagné sa bataille contre le maire frondeur, Andry Rajoelina, Marc Ravalomanana devra maintenant en découdre avec la communauté internationale.

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