Le fiasco de l’OMC laisse l’Afrique sur le carreau


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Les négociations de l’OMC relatives à la libéralisation des échanges entre pays développés et en développement n’ont pas abouti, ce mardi, à Genève. Les dirigeants parlent même d’un échec cuisant. Si l’Afrique est parvenue à sauvegarder ses privilèges sur le commerce de la banane, pour beaucoup, elle demeure la grande perdante des pourparlers.

Il fallait s’y attendre. Les négociations pour la libéralisation du commerce mondial des produits agricoles et industriels se sont soldées par un échec, mardi, à Genève (Suisse). Depuis neuf jours, 153 pays réunis par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) tentaient de parvenir à des accords pour relancer le processus de Doha, initié en 2001. En vain.

Banane, coton et clause de sauvegarde

Un accord semblait pourtant en passe d’être conclu dimanche sur le « paquet » coton–banane–produits spéciaux. Les producteurs d’Amérique du Sud étaient tout près d’obtenir de l’Union Européenne des taxes réduites sur les bananes, mais les pays de l’Afrique, de la Caraïbe et du Pacifique (ACP) ont brandi leur droit de veto, craignant une menace pour leur propre commerce avec l’Europe. Une petite victoire qui permet aux pays ACP de conserver les tarifs préférentiels dont ils bénéficient lorsque leurs bananes entrent dans l’Union Européenne.

Quant à la question du coton, le Burkina Faso, le Tchad, le Mali et le Bénin se sont frottés aux Etats-Unis, et ils s’y sont piqués. Le Club des 4 réclamait une baisse de 82% des subventions américaines sur le coton, estimant qu’elles « plombent » le marché mondial et pénalisent les pays pauvres. La Chine a pris la défense de l’Afrique, arguant que les subventions avaient « provoqué des torts importants pour les producteurs de coton dans les pays en développement, en Afrique et pour quelque 150 millions d’entre eux en Chine ». Mais rien n’y a fait, la demande du Club des 4 a été rejetée par les Etats-Unis.

L’Afrique, la grande oubliée des négociations

Autre déception, l’échec des pourparlers sur le mécanisme de sauvegarde en agriculture. L’Inde et les Etats-Unis ne sont en effet pas parvenus à s’accorder sur la protection tarifaire à octroyer à certaines filières dans les pays du Sud en cas de forte baisse des prix et de hausse des importations.

Pour Peter Mandelson, le commissaire européen au commerce, le Cycle de Doha est « un échec collectif ». Mais il estime aussi que « les conséquences ne seront pas égales, elles seront ressenties de manière disproportionnée par ceux qui sont les plus vulnérables dans l’économie mondiale ». Sur les grandes questions commerciales, en effet, nombre de tractations se sont faites au sein du « Groupe des 7 », qui rassemble pays riches et pays émergents (Etats-Unis, UE, Inde, Chine, Brésil, Japon et Australie). Du coup, les pays les plus pauvres ont dû faire face à des propositions qui ne prennent pas réellement en compte leurs propres besoins.

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