La pneumonie, première cause de la mortalité infantile en Afrique


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L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’est félicitée, vendredi dernier, des résultats obtenus en matière de lutte contre la rougeole grâce notamment à des campagnes de vaccination en Afrique sub-saharienne. Une région du monde également frappée par une complication possible de la rougeole, la pneumonie.
Elle est la première cause de décès chez les enfants de moins de 5 ans, mais la vaccination constitue, là aussi, une arme efficace.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé, la semaine dernière, qu’elle avait, depuis 1999, réduit de 60% le nombre de décès liès à la rougeale. Cette victoire, obtenue grâce notamment à des campagnes de vaccination systématiques, rend optimiste quant à la lutte contre l’une des graves complications de la rougeole, la pneumonie. Une maladie contre laquelle la vaccination constitue également un moyen de prévention efficace pour sauver la vie de centaines de milliers d’enfants, notamment en Afrique sub-saharienne. La pneumonie, comme partout dans le monde, y est la première cause de mortalité infantile, mais la région est l’une des plus touchées par le fléau. Devant le paludisme et le sida et plus que les deux maladies réunies, la pneumonie a tué, en 2004, plus d’un million d’enfants de moins de cinq ans, soit la moitié de ceux qu’elle tue chaque année dans les pays en voie de développement. Plus les enfants sont en bas âge, plus ils sont prompts à développer l’une des trois maladies infectieuses qui les frappent : la pneumonie, la diarrhée et le paludisme. « Le risque est encore plus élevé quand les enfants ont moins d’un an », explique-t-on au Département de la santé et du développement de l’enfant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le Nigeria et l’Ethiopie ont enregistré les nombres de cas les plus élevés sur le continent africain en 2004.

L’allaitement et la vaccination, deux moyens de prévention efficaces

La malnutrition, les complications de la rougeole et le cadre de vie augmentent le risque pour les enfants de contracter la maladie. L’allaitement est déjà un excellent moyen de lutter contre la pneumonie chez le nourrisson. Dans les pays en voie de développement, constate un rapport de l’OMS publié sur la question, « seul un tiers des nourrissons sont allaités exclusivement au sein jusqu’à l’âge de six mois ». Ceux qui ne le sont pas courraient « cinq fois plus de risques de mourir de pneumonie que les autres et un risque subsiste pour les nourrissons de 6 à 11 mois si la mère ne les allaite plus du tout ». Les enfants malnutris ne disposent pas d’un système immunitaire performant et leurs muscles respiratoires sont incapables d’évacuer les sécrétions qui les encombrent.

Mais dans beaucoup de cas, l’allaitement exclusif n’est pas pratiqué dans les six premiers mois de la vie de l’enfant, souvent à cause de considérations culturelles ou sociales. Il est couplé dans beaucoup de familles avec d’autres types de lait ou de l’eau. Les parents estiment, par exemple, que les enfants ont besoin d’être hydratés à cause de la chaleur. De plus, sur le continent africain, comme en Asie du Sud où la pneumonie est aussi un fléau, les familles sont entassées dans des espaces réduits, ce qui favorise le développement de la maladie. La fumée issue de la cigarette ou la pollution à l’intérieur des maisons quand la cuisine s’y fait avec des sources traditionnelles de chaleur sont autant de facteurs aggravants. De même, les enfants qui souffrent d’une carence de zinc, de la drépanocytose, qui sont déjà malades du sida, du paludisme ou encore de la rougeole sont encore plus fragiles face à la pneumonie.

Plus de 4 milliards pour aider les pays africains

Outre l’allaitement, la vaccination reste le meilleur moyen de prévenir l’expansion d’une maladie sur un continent où seulement 41% des enfants infectés seront adressés à une structure de santé pour être soignés. La pneumonie bactérienne est une infection aigüe des voies respiratoires causée principalement par deux d’agents pathogènes contre lesquels des vaccins existent. Le vaccin anti-Hib permet de lutter contre l’Haemophilus influenzae type b et le vaccin antipneumococcique conjugué contre le Streptococcus pneumoniae. Le vaccin contre la rougeole s’impose, lui, pour éviter les pneumonies qui se déclarent suite à cette maladie.

Selon de récents essais cliniques réalisés en Gambie, la vaccination contre le Hib permet d’éviter 20% des cas graves de pneumonie et celle contre le Streptococcus pneumoniae réduit de 16% la mortalité infantile. Un rencontre a été organisée la semaine dernière par l’OMS, à Brazzaville (Congo), pour sensibiliser les pays africains à la nécessité de mettre en place une stratégie de lutte contre la pneumonie chez les enfants qui s’appuie sur la prévention par la vaccination. D’autant plus que l’obstacle financier auquel sont confrontés les pays africains dans le conduite de leurs politiques sanitaires est levé grâce à l’appui de l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (Gavi) et son fonds. Il met à disposition du continent africain, jusqu’en 2015, plus de 4 milliards de dollars, pour permettre aux Etats concernés d’acquérir à moindre coût les précieuses doses de vaccin.

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