Zina Hope nous livre son regard d’artiste sur le 8 mars


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Zina Hope

Artiste interprète de Pointe Noire ayant sorti 4 titres, dont le joli succès d’estime « Chez moi j’ai des bananes », Zina Hope est également l’animatrice de l’émission TV « Villa Tchimbamba » sur Canal2 TNT AFRICA. Zina Hope nous livre son regard sur la journée internationale des droits de la femme et répond à nos questions.

– Être femme et artiste au Congo est-ce une double bataille ?

– Je n’ai que 23 ans alors je pourrai presque dire que je découvre en quelque sorte ces deux statuts. Je suis Maman depuis l’âge de mes 18 ans alors, avec les responsabilités qui sont les miennes, cela a accéléré mon apprentissage de femme, d’autant plus que j’élève ma petite fille quasiment seule. J’ai du abandonner mes études et entrer dans la vie active, cela ne m’a pas empêché au final d’obtenir mon baccalauréat en candidat libre. Je n’ai donc pas le sentiment de livrer une bataille dans ma vie de femme peut-être parce que je suis une battante, née sous une bonne étoile, traverser les épreuves me semble naturel.

– C’est le même sentiment en tant qu’artiste ou animatrice TV ?

– Je chante et j’anime l’émission « Villa Tchimbamba » depuis plus d’une année, c’est aussi un apprentissage accéléré mais beaucoup plus complexe. La distance est différente entre l’amour que l’on peut porter à son enfant et celui que l’on a pour la chanson ou la télévision. En tant que femme, je n’ai jamais ressenti de discrimination « sexiste » à mon égard ou de manque de considération. Sur plusieurs plateaux TV où j’étais invitée, on m’a posée la question de savoir s’il existait des pressions d’ordre sexuel pour exister en tant que femme dans le monde artistique. Je pense qu’hélas ces pressions existent pareillement pour de nombreux métiers. J’ai du échapper à la règle, lol, mais c’est aussi peut-être une question d’attitude, moi je reste simple, le plus souvent sans maquillage, très « Jeans et Baskets », je n’ai pas l’image d’une fille sexy et je ne suis pas très « people». Je sors très peu et, depuis le début de ma jeune carrière, je suis claire dans ma tête, parfaitement entourée dans un environnement sain.

– Quel droit pour les femmes vous semble t’il primordial à défendre ?

– En réfléchissant un peu, je dirai simplement la liberté d’exister. Et ça passe par l’autonomie, pour ne pas souffrir de dépendance ou de soumission. J’ai cette chance dans ma vie d’artiste d’avoir eu un partenariat avec TNT AFRICA qui m’a permis de vivre mes passions avec une indépendance financière. Je bénéficie par ailleurs d’un développement sur d’autres contrats d’images, ça ne permet pas de rouler sur l’or mais je gagne ma vie. Hélas, trop peu de femmes ont accès à un véritable emploi, elles sont prisonnières de leur foyer dans une vie qui se résume trop souvent à élever les enfants, tenir la maison propre, s’occuper de la cuisine et du linge, se faire belle pour le mari et faire l’amour « sur commande ». Nous les africaines on grandit avec cette éducation, nous sommes élevées pour plaire et pour nous taire. Il n’y a pas d’issue de secours à cette condition féminine. Le monde bouge, les mentalités restent les mêmes.

– Cette liberté d’exister est une cause que vous défendez dans vos chansons ?

– J’ai récemment enregistré une adaptation en français et lingala de « Redemption song » de Bob Marley, c’est une chanson qui parle de délivrance et de liberté alors ça va un peu dans ce sens. Mais je ne suis pas une artiste engagée, une féministe, mon univers musical est tourné vers le quotidien de nos vies en République du Congo même si je ne m’interdis pas d’avoir un regard critique. Dans l’une de mes chansons « Mama Rita », je dénonce ouvertement la violence conjugale qui fait partie elle aussi du quotidien des femmes congolaises. Je n’ai pas eu les retours que j’espérais sur ce sujet qui dérange, chacun préfère observer la loi du silence. Dans un tout autre registre, dans le cadre d’un stage à l’Institut Français de Pointe Noire, j’ai réalisé un film intitulé « Ba Marchés Ya Béto » sur les conditions insalubres des marchés dans lesquelles nos courageuses Mamans sont obligées de vendre ou d’acheter.

– Quel est votre programme pour cette journée internationale des droits de la femme ?

– J’ai vu sur les réseaux sociaux trois bières achetées, une bière offerte, des remises promotionnelles pour des soirées au restaurant ou en boite, des choses comme ça. Pour ma part, j’irai déposer comme chaque matin ma fille à l’école et dans mon temps libre je continuerai tout simplement à travailler sur un projet de documentaire. Si j’aime beaucoup le pagne, j’aime moins en revanche les « Dress Code » aux heures et dates convenues et je vois assez peu le rapport avec les droits essentiels de la femme pour lesquels je me sens pourtant naturellement concernée et solidaire. Sans doute ne suis-je pas encore une femme suffisamment accomplie pour être une porte voix et je ne crois pas avoir encore le talent pour combattre les inégalités criantes entre hommes et femmes du Congo. Je n’ai pour le moment aucun rôle à part celui de chanter.

Par Par Clement Inga

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