Zimbabwe/Grande Bretagne : la poignée de main qui fait scandale


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Scandale en Grande Bretagne. Le ministre anglais des Affaires étrangères, Jack Straw, est au centre d’une fronde nationale après qu’il ait inopinément serré la main, à New York, du chef de l’Etat zimbabwéen Robert Mugabe, paria du Commonwealth et bête noire de Londres. Un geste que ne lui pardonne pas une partie de la classe politique britannique.

L’Angleterre en pleine disgrâce. Le ministre britannique des Affaires étrangères, Jack Straw, défraye la chronique à Londres depuis qu’il a serré la main, la semaine dernière, au chef de l’Etat zimbabwéen, Robert Mugabe. Mugabe le paria du Commonwealth, Mugabe le grand Satan, honni par la Grande Bretagne. L’incident politico-diplomatique un brin cocasse, qui a bien amusé le Président zimbabwéen, n’a pas fini de faire des remous au sein de la classe politique anglaise.

« Il faisait sombre »

Nous sommes à New York, dans le cadre d’une rencontre au sommet aux Nations Unies. Le Président sud-africain Thabo Mbeki donne une petite réception pour des ôtes triés sur le volet. Par un concourt de circonstance qui reste encore obscur, Jack Straw, se retrouve face au Président zimbabwéen, qui lui tend la main. S’en suit cette fameuse poignée de main, accompagnée d’un « Ravi de vous rencontrer » qui aujourd’hui passent ont ne peut plus mal en Angleterre. Embuscade diplomatique ? Il semblerait que non. Selon le journal anglais The Guardian, Robert Mugabe ne savait même pas à qui il avait à faire. Ce n’est qu’après s’est renseigné auprès d’un conseiller sur l’identité de ce convive qu’il est parti d’un petit rire ironique.

Les justifications apportées par le ministre pour expliquer son geste en laissent plus d’un pantois. « Il faisait relativement sombre à l’endroit où l’on m’amenait…J’ai été amené à serrer des mains par courtoisie. Et là il s’est avéré que c’était lui (Robert Mugabe, ndlr). Mais le fait qu’il y ait un sérieux contentieux entre le Zimbabwe et le Royaume Uni ne signifie pas que l’on doivent être discourtois ou impoli ». Le porte parole pour les affaires étrangères des conservateurs, Michael Ancram, ne décolère pas. « C’est une scandaleuse trahison pour les hommes et les femmes du Zimbabwe qui souffrent entre les mains du régime sanglant de Mugabe…Jack Straw a envoyé un puissant message de support à Mugabe, qui a choqué tout ceux qui cherche la restauration de la démocratie et de l’Etat de droit au Zimbabwe ».

Ennemi juré

Jack Straw, qui avait décrit la victoire de Mugabe aux élections présidentielles comme « une tragédie » pour le peuple zimbabwéen, est aujourd’hui en porte-à-faux avec cette malheureuse ironie du sort. Ironie du sort d’autant plus grande que le Président zimbabwéen avait quelques heures plus tôt prononcé un discours assassin à l’égard de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis pour leurs agissements en Irak. « Nous sommes maintenant forcés d’accepter et de croire qu’une nouvelle doctrine politico pseudo religieuse est née. Entendu qu’il n’y qu’un seul Dieu politique, George W Bush, et Tony Blair est son prophète ».

Le ministre anglais des Affaires étrangères n’a pas eu la superbe du Prince Charles qui avait refusé, en 1978, de serrer la main du « Boucher de Kampala », le dictateur Amin Dada (Ouganda) aux funérailles du père de l’Indépendance et du premier Président du Kenya, Jomo Kenyatta. Le cas de Jack Straw s’apparente plus, pour certains, à celui du Premier ministre anglais Neville Chamberlain qui avait serré la main à la fois à Hitler et à Mussolini en 1938. Toutes proportions gardées…

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