Zambie : Hakainde Hichilema banni des funérailles d’Edgar Lungu


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Hakainde Hichilema
Hakainde Hichilema

En Zambie, la mort de l’ancien président Edgar Lungu, décédé le 5 juin 2025, a donné lieu à un épisode politique tendu : son successeur, Hakainde Hichilema, a été exclu des funérailles par la volonté exprimée du défunt. Une humiliation pour l’actuel chef de l’État, et un symbole fort des fractures qui divisent encore le pays.

En Zambie, la disparition de l’ancien président Edgar Lungu, survenue le 5 juin 2025 en Afrique du Sud, a ravivé une tension politique persistante entre le défunt chef d’État et son successeur, Hakainde Hichilema. Malgré les efforts de ce dernier pour instaurer un climat d’unité et organiser des funérailles nationales en hommage à celui qu’il a battu lors de l’élection de 2021, la famille de Lungu lui a explicitement interdit de participer aux obsèques. Un épisode inédit qui révèle, même au-delà de la vie, les profondes divisions qui fracturent encore la scène politique zambienne.

Une volonté posthume lourde de sens

La décision de déclarer Hakainde Hichilema persona non grata aux funérailles de son prédécesseur ne relève pas d’un simple différend familial : elle provient d’Edgar Lungu lui-même. Selon les déclarations officielles de son porte-parole familial, l’ancien président aurait laissé des instructions claires : son successeur ne devait “en aucun cas” approcher son corps. Cette exigence, rendue publique peu après sa mort, jette une ombre sur les derniers jours d’un homme qui, jusqu’à la fin, n’a jamais digéré sa défaite électorale.

Alors que le gouvernement zambien entendait rapatrier le corps de Lungu pour lui offrir des funérailles d’État dignes de son rang, sa famille et son parti politique, le Front patriotique (PF), ont opposé une résistance farouche. Accusant l’exécutif d’écarter la famille des décisions et de vouloir récupérer politiquement l’événement, ils ont organisé une cérémonie parallèle, excluant le chef de l’État actuel. Le porte-parole de la famille, Makebi Zulu, a insisté sur le respect de la “conscience du défunt” et dénoncé une tentative de confiscation gouvernementale du deuil national.

Un président entre appel à la paix et humiliation publique

Face à cette situation tendue, Hakainde Hichilema a opté pour la retenue. Dans son allocution à la nation, il a évité toute confrontation directe, préférant insister sur l’unité et la nécessité pour les Zambiens de dépasser les rancunes politiques pour rendre hommage à un ancien dirigeant. Pourtant, son éviction des funérailles constitue une humiliation publique pour un président qui, depuis 2021, tente de stabiliser le pays et de faire oublier ses cinq échecs électoraux passés face à Lungu.

Au-delà du choc médiatique et émotionnel, cet affrontement met en lumière un vide juridique dans l’organisation des funérailles d’anciens chefs d’État. Plusieurs voix, dont celle du constitutionnaliste John Sangwa, appellent à une réforme législative pour encadrer clairement le protocole funéraire des présidents, afin d’éviter que des querelles personnelles ou politiques n’empiètent sur l’intérêt national.

Bien qu’inéligible à une nouvelle candidature depuis une décision de la Cour constitutionnelle en 2023, Edgar Lungu demeurait une figure centrale de l’opposition. Sa mort ne fait pas taire les tensions : elle les cristallise.

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