Yanga, histoire d’une rébellion des Nègres Marrons


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Yanga

À la fin du XVIème siècle, la population indigène en Nouvelle Espagne avait considérablement diminué à cause des maladies et des mauvais traitements, mais elle restait plus nombreuse que celle des noirs, qui dans leur majorité étaient restés esclaves et dont un nombre moins important avait conquis la liberté en s’enfuyant, et constituant la classe appelée « Negros Cimarrones » (Nègres Marrons).

Les africains n’étaient pas le moins du monde soumis et dès la période administrée par le premier Vice-roi Don Antonio de Mendoza, il y eut diverses tentatives de soulèvement, qui poussèrent ce dernier à ordonner de terribles exécutions pour qu’elles « servent de leçon ».

Ceux-ci (les noirs) étaient arrivés en Nouvelle Espagne pour travailler dans les mines, et suivant la croyance selon laquelle un noir travaillait comme quatre indigènes. Ils occupaient également des taches domestiques et de majordomes dans les zones agricoles tropicales. Ils se distinguèrent dans ce dernier rôle par leur cruauté envers les indigènes, profitant du respect que ces derniers leur montraient, par crainte des maîtres espagnols, ce qui provoqua la protestation des religieux. Les Rois Espagnols interdirent alors que les noirs vivent dans les villages indiens.

Des rumeurs sur un roi noir

En 1609, des rumeurs persistantes et des dénonciations couraient selon lesquelles le 6 janvier de la même année, les noirs allaient mener rébellion durant laquelle tous les blancs trouveraient la mort et qu’après cela, un roi noir serait élu.

Le vice-roi Luis de Velazco fils, même s’il ne croyait pas à la rumeur, ordonna de punir les prisonniers noirs (par des coups de fouets) pour calmer les ardeurs et pour que cela serve d’avertissement. Certains s’étaient déjà soulevés à Veracruz, se réfugiant dans les chaines montagneuses situées entre le Cofre de Perote et le Citlaltépetl ou Pic d’ Orizaba, augmentant rapidement leur nombre avec l’arrivée d’esclaves en fuite et des hommes des castes fugitifs de la justice.

Quelques uns se dédièrent à l’attaque des voyageurs, ce qui allait convaincre le vice-roi des rumeurs. Il organisa alors une expédition sous les ordres du capitaine Pedro González de Herrera, qui quitta Puebla le 26 février 1609, incluant dans ses troupes 2 aumôniers militaires pour qu’ils essayent de limiter le nombre d’insurgés par le biais de la prédication et de la persuasion.

Yanga était de sang royal

Les rebelles étaient dirigés par Yanga, un noir de la tribu des Bora du Haut Nil, de la Nation des Dinka dans le sud ouest de Gondoco, entre Bari et les Macaras (*). Il était grand et bien bâti, et cela faisait 30 ans qu’il était en fuite et qu’il dirigeait les esclaves fugitifs. Il disait avoir du sang royal et qu’il aurait été roi s’il n’avait pas été mis en esclavage par les européens. Dans sa jeunesse, il dirigea lui même ses hommes, mais en vieillissant, il délégua ce rôle à un Angolais du nom de Francisco de Matosa, qui détruisait et incendiait les propriétés, tuant les hommes et capturant les femmes.

Un jour, González de Herrera reçut un message de Yanga par l’intermédiaire d’un (prisonnier) espagnol libéré. Dans ce message, il le défiait de mesurer leurs forces et affirmait ceci :

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« Yanga » Noir africain précurseur de la liberté des noirs esclavagisés. Fonda le bourg de San Lorenzo de Cerralvo (actuel Yanga) suite à un accord avec le Vice-Roi de la Nouvelle Espagne Don Rodrigo Osorio Marquez de Cerralvo le 3 octobre 1631 par mandat du Vice-Roi.

« …En attaquant et en incendiant les propriétés des Espagnols, ils ne faisaient que se rétribuer par la force des armes de ce qui leur était refusé. Ils leur envoyaient le porteur auquel ils n’avaient pas voulu donner la mort, pour qu’ils leur serve de guide et leur épargne la peine de les chercher… »

Le 21 février, les forces espagnoles interceptèrent sur la route d’Orizaba une colonne de cavaliers qui s’en allaient incendier une propriété sucrière. Ils les firent s’enfuir en direction du quartier général où leur arrivée provoqua une panique générale ainsi. Une terrible émeute s’en suivit alors. González Herrera attaqua simultanément avec trois colonnes. Les noirs se défendaient en lançant des troncs d’arbres, des pierres et des flèches dont certaines allaient atteindre le capitaine et les deux missionnaires, sans pour autant les blesser grièvement.

San Lorenzo de los Negros

Les Espagnols contrattaquèrent avec vigueur et réussirent à atteindre le sommet d’une montagne où ils se retranchèrent, ce qui leur laissa la voie libre jusqu’au village – où se trouvaient Yanga, les femmes et les enfants. Ces derniers s’étaient enfuis en se rendant compte de l’approche des troupes.

Le capitaine offrit la paix et le pardon, mais ne cessa pas de les pourchasser. Yanga et ses principaux hommes se rendirent, en promettant de livrer les noirs fugitifs et de fonder une ville, à condition qu’on leur accorde à tous la liberté. La ville en question serait en fait une forteresse pour les espagnols dans ses zones montagneuses, les noirs s’engageant à ne pas donner l’asile aux noirs fugitifs et aux bandits. Ils acceptaient « d’être fidèles au Roi d’Espagne » et demandaient un Ministre de la Justice ainsi qu’un curé (soigneur) des âmes. Le Vice-roi accepta cette requête et indiqua le nouveau territoire pour la nouvelle ville à quelques encablures de la ville Córdoba.

En 1618 fut fondée la localité du nom de San Lorenzo de los Negros, actuellement connu comme : YANGA, Veracruz, au Mexique.

Bibliographie :
• ALMANAQUE DE MEXICO 1981, ED. S.D.N. 1981
• MEXICO A TRAVES DE LOS SIGLOS, EDITORIAL CUMBRE, MEXICO 1958 TOMO III PP 480 51

(*) Les différentes références géographiques et ethniques en gras sont difficiles à retrouver dans d’autres sources que ce texte publié sur Internet. L’auteur semble passer de références liées au pays d’origine en Afrique de l’époque de l’esclavage a d’autres liées à la Nouvelle Espagne. On se demande donc s’il s’agit de références historiques ou de références mythiques, ou alors des deux à la fois.

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