
Le président sierra-léonais Julius Maada Bio, président en exercice de la CEDEAO, s’est rendu au Burkina Faso pour rencontrer le capitaine Ibrahim Traoré. Cette visite historique, première du genre depuis la création de l’Alliance des États du Sahel (AES), marque une tentative de rapprochement entre les deux blocs régionaux après des mois de tensions.
Inscrite dans son plan d’action depuis qu’il a pris les rênes de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la démarche du président Julius Maada Bio de la Sierra Leone vise à maintenir le contact avec les trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), anciens membres de la CEDEAO.
Une première visite historique au cœur des tensions régionales
Devenu président de la CEDEAO en juin dernier, Julius Maada Bio est le premier dirigeant ouest-africain à visiter l’un des États du nouveau bloc AES. C’est ainsi que mardi, au palais présidentiel de Koulouba au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré a reçu son homologue, qui s’était engagé à favoriser des liens étroits et une coopération entre l’organisation qu’il dirige et l’AES.
L’AES, composée du Mali, du Niger et du Burkina Faso, s’est officiellement retirée du bloc régional au mois de janvier 2025. « Je suis ici aujourd’hui pour montrer ma solidarité avec le peuple du Burkina Faso, pour lui dire qu’il n’est pas seul et que nous travaillerons ensemble pour rétablir la paix », a déclaré le président en exercice de la CEDEAO. Les discussions avec le capitaine Traoré ont porté sur les relations internationales et la sécurité régionale.
Un geste d’apaisement après des mois de crise diplomatique
Le voyage du président sierra-léonais vers le Burkina Faso constitue une marque d’apaisement et d’acceptation, alors que les relations entre les États de l’AES et ceux de la CEDEAO se sont considérablement dégradées. Les trois États du nouveau bloc ont accusé l’organisation sous-régionale ouest-africaine de collusion avec les pays européens, en particulier avec la France, qui selon eux favoriserait le désenclavement de leurs pays et la montée du terrorisme sur leurs territoires.
Ce déplacement marque également un tournant décisif dans les relations entre ces blocs et, surtout, une acceptation partielle des juntes au pouvoir du côté de l’AES. Le président en exercice de la CEDEAO a d’ailleurs délivré un message optimiste en remerciant le capitaine Ibrahim Traoré pour son hospitalité : « La CEDEAO a toujours joué un rôle important dans la promotion de la paix, de la sécurité et de la prospérité économique dans nos pays. J’attends avec impatience la poursuite de la collaboration avec nos frères du Burkina Faso, alors que nous nous efforçons de défendre ensemble ces valeurs communes importantes. »
La main tendue vers les autres États de l’AES attend désormais d’être saisie, d’autant que deux pays de ce bloc ont engagé des procédures pour ne plus être membres de la Cour Pénale Internationale (CPI).