Le Président turc a effectué un déplacement très remarqué, mercredi. Recep Tayyip Erdogan s’est, en effet, rendu en Égypte où il a rencontré le Président Sissi, un « Tyran, putschiste » à qui il avait pourtant juré de ne jamais parler.
Recep Tayyip Erdogan a été accueilli avec tous les honneurs par son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, au Caire, en Égypte, mercredi 14 février. Une rencontre pas anodine, puisqu’elle impliquait deux hommes dont l’animosité ne souffrait d’aucun doute. Pendant onze ans, Erdogan et Sissi se sont regardé en chiens de faïence.
Après dix ans de rupture de leurs relations diplomatiques, les deux dirigeants entendaient tourner la page de leur brouille et poser les jalons d’un règlement de leurs différends régionaux. Après le coup d’État militaire de 2013 en Égypte, ayant renversé l’ancien Président démocratiquement élu, Mohamed Morsi, et porté au pouvoir Abdel Fattah al-Sissi, Erdogan avait juré qu’il ne parlerait jamais à ce « tyran,… putschiste,… meurtrier ».
Rupture des relations diplomatiques
Le dirigeant turc reprochait au nouveau Président égyptien d’avoir renversé son allié islamiste. Erdogan en voulait à Sissi d’autant que ce dernier avait mené une répression sanglante contre les Frères musulmans. Ces derniers étaient proches de sa propre formation politique, le Parti de la justice et du développement. Le Président turc n’avait pas trouvé mieux que de rompre les relations diplomatiques avec l’Égypte.
La rupture des relations diplomatiques n’a toutefois rien changé au commerce entre les deux pays. La Turquie étant le cinquième partenaire commercial de l’Égypte. Quoique, durant leur période de tension, l’Égypte et la Turquie soutiennent deux gouvernements rivaux en Libye. Onze années après, voilà que les relations entre les deux hommes se réchauffent.
Erdogan et Sissi n’ont pas le même verbe
Les deux pays ont désormais des intérêts convergents, notamment le Soudan et dans la bande de Gaza. Erdogan et Sissi veulent afficher un front uni pour mettre fin à la guerre à Gaza. Seulement, les deux dirigeants ne tiennent toutefois pas le même langage. Si Erdogan mène des attaques verbales virulentes contre Israël, qu’il accuse de commettre un « génocide », Sissi, lui, tempère.
En tant que médiateur dans le conflit palestinien, le Président égyptien appelle à un cessez-le-feu immédiat. Erdogan a plaidé pour un renforcement de la coopération avec l’Égypte sur le dossier palestinien. Aujourd’hui, entre Le Caire et Ankara, c’est un rapprochement qui est enclenché. Lequel ouvre la voie à une plus grande coopération entre les deux économies. Un revirement à 180 degrés du Président turc.
