Violences au Sénégal : grosse dissonance entre la CEDEAO et Amnesty


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Violences au Sénégal
Violences au Sénégal

La tension politico-sociale en cours au Sénégal a entraîné de nombreuses réactions. C’est le cas de la CEDEAO et d’Amnesty International qui ont dénoncé la situation dans le pays. Seulement, leurs points de vue divergent.

De violentes manifestations ont éclaté dans de nombreuses villes du Sénégal, depuis jeudi. Ce, après la condamnation du chef de l’opposition, Ousmane Sonko, à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse ». C’est le verdict prononcé par le Tribunal de grande instance de Dakar, et qui est susceptible d’empêcher Sonko de se présenter à l’élection présidentielle de 2024.

La CEDEAO dénonce les violences contre les forces de sécurité

La capitale sénégalaise, Dakar, et la ville de Ziguinchor (Sud du Sénégal), où Ousmane Sonko est le Maire, ont été le théâtre de violents affrontements entre forces de l’ordre et manifestants. On parle d’une douzaine de morts dont certains par balles, en plus d’un policier lynché par une foule en furie. L’armée est déployée dans plusieurs villes et la tension est réelle. Ce qui a déclenché une pluie de réactions à l’international.

Vendredi, la Commission de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) a condamné, « fermement, les violences qui ont visé les forces de sécurité, les biens publics, les propriétés privées et troublé l’ordre public ». Appelant « à la retenue et au règlement des différends par des moyens pacifiques », l’organisation régionale a également déploré « la perte en vies humaines ».

Amnesty International charge l’État sénégalais…

Dans son communiqué, la CEDEAO indique qu’elle « reste saisie de l’évolution des événements au Sénégal et appelle tous à défendre la réputation louable du pays en tant que bastion de paix et de stabilité ». Des injonctions qui sont plus orientées vers les manifestants. Samira Daoud, directrice régionale du bureau d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, pour sa part, a pointé du doigt les autorités sénégalaises.

« Nous condamnons les restrictions d’accès aux réseaux sociaux et la coupure du signal de la chaine de télévision privée Walf TV par les autorités sénégalaises, dans le contexte des manifestations violentes qui ont eu lieu à Dakar, Ziguinchor et Kaolack, entre autres villes. Ces restrictions au droit à la liberté d’expression et à l’information constituent des mesures arbitraires contraires au droit international, et ne sauraient être justifiées par des impératifs de sécurité », a dit Amnesty.

…Et demande de diligenter des enquêtes crédibles

« De même, les arrestations arbitraires doivent immédiatement cesser. Nous appelons notamment les autorités sénégalaises à libérer sans conditions Aliou Sané, coordonnateur de Y en a Marre détenu depuis le 29 mai, ainsi que deux membres de FRAPP, Bentaleb Sow, détenu depuis le 31 mai et Moustapha Diop, arrêté alors qu’il allait s’enquérir des nouvelles des personnes placées en détention à la gendarmerie Foire », a poursuivi la responsable.

Quant au Directeur exécutif d’Amnesty Sénégal, Seydi Gassama, il a en outre appelé « les autorités sénégalaises à diligenter des enquêtes crédibles et indépendantes sur les morts enregistrées dans le contexte des manifestations, à Dakar et à Ziguinchor. Nous rappelons aux autorités sénégalaises que la force ne doit être utilisée que lorsqu’elle est nécessaire et de manière proportionnée ». Et de rappeler que « la vie et l’intégrité physique de toutes et tous doit être respectée et protégée par les forces de l’ordre ».

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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