
Vendredi 30 mai 2025, l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo a adopté à une large majorité une loi attendue depuis plus de six décennies: la première loi sur l’aménagement du territoire. Ce vote dote enfin la RDC d’un cadre légal structurant pour organiser son immense espace national.
Vendredi 30 mai 2025, l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo a adopté à une large majorité une loi attendue depuis plus de six décennies : la première loi sur l’aménagement du territoire. Ce vote marque un tournant majeur dans l’histoire institutionnelle et territoriale du pays, en dotant enfin la RDC d’un cadre légal structurant pour organiser son immense espace national.

Dans un pays vaste comme l’Europe de l’Ouest, riche de ressources mais aussi confronté à des déséquilibres régionaux persistants et des conflits récurrents dans la partie est, la question de l’occupation de l’espace national n’avait jusqu’ici jamais été encadrée de façon cohérente. « Pendant trop longtemps, nous avons improvisé l’aménagement du territoire. Cette loi met un terme à cette époque », a souligné à l’issue du vote le ministre de l’Aménagement du Territoire, Guy Loando Mboyo, qui a porté à bout de bras le projet.
Un cadre juridique fondateur
Avec cette loi, la RDC se dote pour la première fois d’un corpus juridique unifié sur la gouvernance de son territoire. Concrètement, le texte introduit des règles claires d’affectation des sols, institue une planification à plusieurs échelles (nationale, provinciale, locale), et crée une architecture institutionnelle dédiée à l’aménagement, au suivi et à l’évaluation des politiques spatiales.
Le texte établit également des mécanismes de coordination entre les institutions et les entités décentralisées, avec pour ambition de réduire les déséquilibres entre les provinces, lutter contre l’urbanisation anarchique, favoriser l’accès équitable aux services publics, et accompagner les dynamiques économiques régionales. Il s’agit d’une réforme structurante, conçue comme un levier pour le développement durable, la justice entre les territoires et la résilience du pays face aux mutations à venir.
Des innovations majeures pour une gouvernance modernisée
La loi introduit plusieurs innovations majeures dans les processus de planification spatiale. Elle établit un lien clair entre politiques sectorielles et répartition des zones, tout en renforçant la coordination intersectorielle. Elle institue aussi des outils de sauvegarde sociale et environnementale, comme l’évaluation environnementale stratégique et l’étude d’impact. Un observatoire national, un cadre de financement spécifique et des conseils consultatifs territoriaux sont également créés pour garantir la cohérence, le suivi et l’efficacité des décisions d’aménagement.
Une victoire législative, fruit de plusieurs années d’efforts
L’adoption de cette loi n’est pas le fruit du hasard. Elle est l’aboutissement d’un patient travail technique et politique, engagé dès 2020 par le ministre Guy Loando Mboyo, peu après sa nomination à la tête du ministère de l’Aménagement du Territoire. À l’époque, l’idée même d’une loi-cadre sur le sujet relevait du défi : il fallait bâtir un consensus, réunir des expertises, croiser les données d’un pays à la géographie complexe et aux dynamiques régionales contrastées.
Le ministre a alors initié une vaste campagne de concertation multisectorielle, mobilisant administrations, experts, acteurs de la société civile et représentants des provinces. Il a également relancé le processus de modernisation de la politique nationale d’aménagement du territoire, en collaboration avec plusieurs partenaires internationaux.

En 2022, la feuille de route de la réforme est finalisée. En 2023, une première version du texte est soumise aux consultations, retravaillée, enrichie, consolidée. « Ce texte, c’est le fruit de la rigueur, de l’écoute et de la conviction qu’il était possible de réconcilier l’État et ses territoires », confiait récemment le ministre dans une interview à Afrik.com, rappelant les années d’efforts et de discrétion qui ont précédé ce vote.
Une dynamique soutenue par la vision présidentielle
« Si cette avancée est saluée comme un jalon majeur, elle s’inscrit aussi dans la vision du président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui a fait de la modernisation de la gouvernance publique un axe fort de son action », indique-t-on dans l’entourage du ministre. « Le chef de l’État a constamment soutenu le principe d’un aménagement rationnel, planifié, juste et inclusif du territoire congolais. »
En ce sens, la loi du 30 mai apparaît comme une traduction concrète de cette volonté présidentielle, dans une logique de consolidation de l’État, de renforcement de la planification publique et de meilleure allocation des ressources nationales, d’autant plus bienvenue qu’elle intervient dans un contexte de fragilisation du pays dont le territoire est en partie occupée à l’est par une rébellion menée par l’AFC/M23.
Une réforme à mettre en œuvre sur le terrain
L’adoption du texte ne marque pas la fin du chemin, mais le début d’une phase exigeante de mise en œuvre. Il faudra notamment former les administrations, structurer les outils de planification, produire les données cartographiques manquantes, et accompagner les provinces dans l’appropriation de la nouvelle logique territoriale.

Guy Loando, souvent décrit comme un ministre de terrain, méthodique et à l’écoute, sait que cette nouvelle étape sera décisive. Mais il aborde ce défi avec l’assurance de celui qui a déjà surmonté bien des scepticismes. « Nous n’avons pas le droit d’échouer. Chaque Congolais, quelle que soit sa province, doit pouvoir bénéficier d’un développement harmonieux, planifié, fondé sur une vision partagée de l’avenir », a-t-il déclaré ce week-end.
Un signal fort pour l’avenir
Alors que la RDC se projette vers les prochaines étapes de son développement, cette loi envoie un signal fort à l’ensemble des acteurs nationaux et internationaux : celui d’un pays qui souhaite planifier son avenir, anticiper plutôt que subir, construire une relation renouvelée entre l’État et les territoires.
Et derrière ce signal, le rôle du ministre Guy Loando Mboyo apparaît comme central : celui d’un homme d’État patient, engagé, et résolument tourné vers la transformation structurelle du pays.