Un professeur teste un médicament ivoirien qui soigne le sida


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Drapeau de la Côte d'Ivoire
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Un remède qui soignerait le sida ? C’est du moins les conclusions du Professeur Yapo Etienne qui constate que le Thérastim réduit la charge virale des patients séropositifs testés.

Le Professeur Yapo Etienne est le doyen de l’Unité de formation et de recherche (UFR) des sciences pharmaceutiques et biologiques de l’Université d’Abidjan. Il est aussi biologiste des hôpitaux et chef du service de biochimie médicale de l’Institut Pasteur à Abidjan. C’est ce dernier qui a mené les essais thérapeutiques sur le Thérastim, une formule mise à jour par le docteur Zegbeh Désiré.

Afrik.com : Au terme de votre recherche et de vos tests sur les cinq cas qui ont pleinement bénéficié du traitement, quelles sont les effets de la Thérastim sur le virus du sida?

Yapo Etienne : Notre hypothèse de départ était de démontrer que le Thérastim est un stimulant du système immunitaire. C’est chose faite. Nous avons constaté que les patients ont de nouveau l’appétit. Ils bénéficient d’une meilleure circulation sanguine et les symptômes que sont le zona, l’amaigrissement etc…, disparaissent. Le sujet 5 est séropositif (au HIV 2) depuis 1995. Il commence son traitement en 1997 et actuellement sa charge virale est nulle. Chez les autres sujets, les analyses indiquent une baisse de la charge virale et une augmentation du rapport CD4/CD8. Ce qui suggère clairement que le nombre de virus HIV diminue dans l’organisme.

Afrik.com : Que pouvez-vous nous dire sur la composition du Thérastim ?

Yapo Etienne : Le Thérastim est un produit végétal extrait de plantes que l’on peut trouver sur le territoire ivoirien. Il se présente sous la forme de préparations injectables conditionnées sous ampoules de 1ml (une boîte en contient cinq). Il s’administre par voie intraveineuse pendant cinq jours en raison d’une injection par jour, suivie de six jours de repos, puis à nouveau de cinq jours de traitement et enfin six jours de repos. Ce qui représente dix ampoules par mois.

Ce médicament est destiné aux séropositifs qui ne présentent pas les symptômes de la maladie ou à ceux qui présentent des signes bénins. Le traitement est tributaire de paramètres physiologiques que sont le niveau de la charge virale et le rapport CD4/CD8. Cette donnée témoigne de l’état des lymphocytes T4. Ces cellules, pierre angulaire du système immunitaire, sont la cible privilégiée des virus HIV responsables du sida. Quarante patients ont eu la possibilité de suivre ce traitement mais seulement cinq ont pu le suivre jusqu’au bout. Cette situation est due au manque d’assiduité de certains bénéficiaires mais aussi à des problèmes financiers. Le suivi du traitement revient cher, environ 500 000 FCFA, par personne (5000 FF) sur une période de deux à trois mois. Ce coût est en partie imputable aux analyses nécessaires pour évaluer la charge virale et le rapport CD4/CD8.

Le paludisme peut être aussi soigné chez un patient malade par le Thérastim en raison de deux injections matin et soir pendant 2 jours. La dernière injection se fait le troisième jour.

Afrik.com : Le médicament est-il homologué en Côte d’Ivoire? Avez-vous reçu des propositions de la part des grandes firmes pharmaceutiques ? Quel pourrait-être le prix du Thérastim s’il était commercialisé ?

Yapo Etienne : Le Thérastim a été proposé à l’homologation en Côte d’Ivoire et aucun grand groupe pharmaceutique n’a jusqu’ici exprimé son intérêt pour nos travaux. Le remède, selon nos estimations, pourrait coûter 40 000 FCFA (400 FF).

Afrik.com : Avec ces résultats comment expliquez-vous le scepticisme ambiant, notamment en Côte d’Ivoire ?

Yapo Etienne : J’en suis le premier étonné surtout quand on sait que 7 sur 15 millions d’Ivoiriens sont séropositifs, c’est quasiment la moitié de la population. Un proverbe chinois dit qu’il est mieux d’apprendre à pêcher que de donner du poisson à celui qui ne sait pas. Ce que nous avons essayé de faire c’est d’appliquer ce proverbe à la lettre en travaillant sur un remède tout à fait local face à une maladie qui fait rage dans notre pays. C’est notre contribution à ce qui se fait sur le sida dans le monde par le biais de la pharmacopée traditionnelle. Une médecine traditionnelle qui produit des solutions que nous nous attelons à valoriser afin d’enrichir la médecine internationale.

Néanmoins, nous avons reçu le soutien de la première dame de Côte d’Ivoire, de particuliers et d’organisations non gouvernementales. Mon voeu le plus cher, en ce qui concerne le Thérastim, est que nos résultats se confirment et que ce produit soit utile à nos malades en Côte d’Ivoire.

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