
Deux jours après son investiture officielle, le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema poursuit tambour battant la refondation de l’appareil étatique. Le 5 mai, il a nommé un gouvernement civil resserré, marqué par l’arrivée de technocrates, le maintien de figures militaires clés et l’intégration de personnalités symboliques de la transition post-Bongo.
Cette annonce s’inscrit dans la volonté affichée du chef de l’État de bâtir une administration plus efficace, tout en consolidant ses appuis politiques et militaires.
Un exécutif recentré autour de profils technocratiques
Le nouveau gouvernement gabonais, composé de 30 membres, tranche avec les équipes précédentes par son caractère plus technique que politique. D’une moyenne d’âge de 45 ans, il comprend dix femmes et mise sur des compétences éprouvées pour relever les défis économiques et sociaux. La nomination d’Henri-Claude Oyima à la tête d’un vaste ministère englobant l’économie, les finances, la dette, et la lutte contre la vie chère illustre cette orientation. Patron historique de BGFIBank, Oyima est appelé à jouer un rôle clé dans les négociations avec le FMI et dans la relance économique du pays.
Des équilibres politiques soigneusement pesés
La suppression du poste de Premier ministre dans la nouvelle Constitution a conduit à la création d’une vice-présidence du gouvernement. Cette mission est confiée à Alexandre Barro Chambrier. Ancien opposant farouche à Ali Bongo, cette nomination constitue un geste fort de rassemblement, mais aussi de contrôle. Barro Chambrier devient ainsi l’un des principaux relais civils de la présidence. Il évolue dans une structure où le pouvoir exécutif reste concentré entre les mains d’Oligui Nguema. Parallèlement, Séraphin Moundounga a été nommé vice-président de la République. Il s’agit d’un poste également symbolique dans le nouvel équilibre institutionnel.
Le verrou militaire toujours en place
Si le CTRI a été officiellement dissous, plusieurs de ses figures-clés conservent des postes stratégiques dans le nouveau cabinet. Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, ancien bras droit du président pendant le coup d’État, devient ministre d’État en charge des Transports. Brigitte Onkanowa reste à la Défense. Hermann Immongault conserve son fauteuil à l’Intérieur. Ces choix témoignent de la volonté du président de maintenir une forte ossature militaire dans l’appareil gouvernemental.
Renouveau partiel, continuités assumées
Tout en s’entourant de nouvelles têtes, le président gabonais n’a pas hésité à écarter certains cadres de l’ancienne équipe, comme Charles Mba ou Flavien Nzengui Nzoundou. Il s’agit clairement de rompre avec certaines figures du passé sans bouleverser totalement la continuité de l’État. De nouveaux ministères voient le jour. On note celui de l’accès universel à l’eau et à l’énergie, confié à Philippe Tonangoye. Autre exemple : celui du commerce et des PME, dirigé par Zenaba Gninga Chaning, seule femme candidate à la présidentielle d’avril.
Une transition qui s’ancre dans l’après-Bongo
Tombeur de la dynastie Bongo, Brice Oligui Nguema s’attelle désormais à transformer l’essai politique en véritable projet de gouvernance. Avec ce nouveau gouvernement, il amorce une phase centrale de la transition. Celle-ci sera marquée par des élections locales et nationales prévues entre septembre et novembre. Si le cap technocratique séduit, les attentes sont immenses. La réussite de ce nouvel exécutif dépendra de sa capacité à réconcilier les Gabonais, redresser l’économie et poser les bases d’un État plus équitable.