Un Mauritanien raconte ses 13 ans de calvaire à Guantanamo


Lecture 3 min.
arton45303

Le Mauritanien Mohamedou Ould Slahi est détenu, depuis 13 ans, dans la prison américaine de Guantanamo, sur l’île de Cuba. Il décrit les multiples tortures qu’il a subies de la part de ses geôliers dans un livre à paraître, jeudi prochain, en France. Jamais inculpé, le prisonnier se trouve toujours derrière les barreaux.

Détenu depuis 13 ans dans la prison américaine de Guantanamo, le Mauritanien Mohamedou Ould Slahi n’a pourtant jamais été inculpé. Dans un livre à paraître, jeudi, et dont de larges extraits ont été publiés par The Guardian, il décrit la torture qu’il a subie.

« Cela me permettait de changer de position »

« Mes pieds étaient engourdis à cause des chaînes qui coupaient la circulation du sang vers mes mains et mes pieds. J’étais content à chaque coup que je recevais parce que cela me permettait de changer de position. « Bouge pas fils de p.! » dit… (nom censuré). Mais parfois, je ne pouvais m’empêcher de bouger. Cela valait bien le coup de pied reçu », peut-on lire dans le journal anglais, que traduit Le Figaro.

Mohamedou Ould Slahi reconnaît avoir combattu avec Al-Qaïda pour lutter en Afghanistan contre le régime soutenu par l’Union soviétique. Il assure avoir arrêté son combat depuis 1992. Il a été arrêté en 2001, peu après les attentats du 11 septembre, suspecté d’avoir participé à un projet d’attentat contre l’aéroport de Los Angeles.

« Mort vivant »

Il raconte avoir livré de faux aveux pour stopper les tortures qu’il subissait. Il aurait répondu à un de ses interrogateurs lui demandant s’il disait la vérité : « Ça m’est égal, du moment que vous êtes satisfaits ». Arrêté en Mauritanie, le 11 septembre 2001, il a été emprisonné par la suite en Jordanie, en Afghanistan puis à Guantanamo : « Une tournée mondiale de la torture et de l’humiliation », indique-t-il.

Il est transporté comme un « mort vivant » d’Afghanistan vers la prison américaine, sur l’île de Cuba : entravé, bâillonné, la tête dans un sac. Alors qu’il parvient à alerter un militaire de sa difficulté à respirer, ce dernier lui resserre encore plus la ceinture autour de son abdomen.

Hallucinations

Il est soumis à des « techniques d’interrogatoire additionnelles » approuvées par le secrétaire à la Défense américain de l’époque, Donald Rumsfeld, à partir de 2003. Forcé à boire de l’eau salée, emmené en mer où il est roué de coups pendant trois heures puis recouvert de glaçons, ces tortures lui causent des hallucinations. Ses geôliers en auraient profité pour le pousser à s’attaquer à eux ou à s’évader.

Il commence à écrire ce livre à l’été et l’automne 2005. Les autorités américaines s’emparent de chaque page écrite qui sont classés « secret ». Après six ans de recours judiciaires de ses avocats, le récit de Mohamedou Ould Slahi est autorisé à la publication, après 2 500 amendements et oblitérations.

Sa libération empêchée par le gouvernement américain

Il figure toujours parmi les 122 prisonniers de Guantanamo alors qu’en 2010, il fait l’objet d’une décision de remise en liberté. Un appel du gouvernement américain l’empêche encore de retrouver la liberté.

Les Carnets de Guantanamo, à paraître jeudi prochain en France vont être publiés simultanément dans vingt pays. « Je n’ai raconté que ce que j’ai vécu, ce que j’ai vu et appris directement. J’ai essayé de ne pas exagérer ni d’édulcorer, et d’être aussi juste que possible envers le gouvernement américain, envers mes frères et envers moi-même », conclut Mohamedou Ould Slahi.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News