Un manque de fonds entrave l’aide humanitaire à Madagascar


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Un manque de fonds empêche l’acheminement d’une aide alimentaire vitale à des dizaines de milliers de Malgaches, frappés par les cyclones meurtriers qui se sont abattus sur le pays, et de ce fait, de nombreuses personnes sont désormais vulnérables à d’autres catastrophes naturelles, selon la représentante du Programme alimentaire mondial (PAM) à Madagascar.

Au moins 106 personnes ont péri lorsque l’île de l’Océan Indien a été dévastée par les cyclones Fame et Ivan, au début de cette année. Des vents violents, de fortes pluies et des inondations ont touché plus de 330 000 personnes, dont 190 000 sont désormais à la rue.

Selon Krystyna Bednarska, représentante du PAM à Tananarive, la capitale, son organisation a encore besoin d’au moins six millions de dollars, sur un total de 15,8 millions sollicités pour porter secours aux populations touchées par les deux cyclones.

« Nous n’avons pu apporter de l’aide à la population que pendant deux mois, alors que, selon notre évaluation, six mois serait le minimum pour aider les Malgaches à se remettre du désastre et du choc qu’ils ont subis », a-t-elle indiqué à IRIN. Des hélicoptères ont été utilisés pour acheminer des produits alimentaires et non-alimentaires aux villages inaccessibles de la côte est. Le PAM avait estimé qu’il aurait besoin d’acheminer 14 026 tonnes de nourriture à 200 000 personnes sur une période de six mois.

Un problème récurrent qui pourrait s’aggraver

Chaque année, des cyclones s’abattent sur les régions les plus pauvres de Madagascar, où 70 pour cent de la population vit avec moins d’un dollar par jour. « Résultat : des populations déjà extrêmement pauvres deviennent encore plus pauvres après le passage du cyclone », a expliqué Mme Bednarska.

En 2007, année marquée par la pire saison des cyclones observée depuis plusieurs années à Madagascar, six cyclones se sont abattus sur l’île, faisant au moins 150 morts. Des inondations sans précédent ont également été signalées dans le centre et le nord du pays, tandis qu’une sécheresse chronique sévissait dans la région sud en 2006-07.

En raison des effets conjugués de ces catastrophes, près d’un demi-million de personnes avaient besoin d’une aide humanitaire à la fin du mois de mars 2007. « Si cela se produit de nouveau l’année prochaine, ils seront totalement impuissants », a prévenu Mme Bednarska.

À en croire la communauté scientifique, le réchauffement de la mer, associé au changement climatique, est susceptible d’entraîner une augmentation et une intensification des cyclones tropicaux au cours des prochaines décennies, et certains soupçonnent que ce phénomène est déjà en train de se produire.

De l’espoir envers et contre tout

Environ la moitié des terres malgaches sont cultivables et la plupart des Malgaches vivent de l’agriculture. Mais la production du riz, principale culture nationale, ne permet pas de satisfaire les besoins d’une population en croissance rapide. Bien que Madagascar soit une île tropicale, environ 50 pour cent des enfants malgaches de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique.
« On pourrait croire que Madagascar n’a pas besoin d’aide alimentaire externe ; on voit la beauté de l’île et on se dit que tout devrait bien marcher, mais en réalité, il en est tout autrement », a commenté Mme Bednarska.

Les catastrophes naturelles, notamment les sécheresses fréquentes qui sévissent dans le sud du pays, entravent les opérations de réduction de la pauvreté, tandis que l’isolement géographique de Madagascar, la superficie même de l’île (Madagascar est la quatrième plus grande île du monde), son manque de moyens de transport, l’insuffisance de ses infrastructures et de ses marchés sont autant de facteurs qui contribuent au problème.

Conformément à la stratégie de réduction de la pauvreté adoptée par le gouvernement et connue sous le nom de Plan d’action malgache, le pays vise à réduire à 50 pour cent le nombre de personnes vivant avec moins de deux dollars par jour. En 2003, elles étaient pas moins de 85,1 pour cent.

« Madagascar a tout ce qu’il faut pour se tenir debout toute seule. Nous espérons qu’elle n’aura bientôt plus besoin de nous, mais pour l’instant, c’est encore loin d’être le cas », a rappelé Mme Bednarska.

L’espoir d’un avenir meilleur pourrait reposer sur la promotion de l’exploitation minière, des projets d’exploitation pétrolière et des cultures commerciales. L’île est notamment le premier producteur mondial de vanille, à l’origine d’à peu près les deux tiers des exportations mondiales de l’épice brune.

Source Irinnews

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