Un environnement favorable au « successeur de Air Afrique »


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L’espace laissé vacant sur le marché du transport aérien africain, suite à la liquidation de la compagnie aérienne « Air Afrique », demeure encore très peu occupé, malgré la floraison de compagnies nationales, notamment en Afrique de l’Ouest.

Selon le rapport présenté par le Secrétaire général de l’AFRAA, M.Christian Folly-Kossi, lors de la 37ème Assemblée générale de l’Organisation africaine, en novembre dernier à Sun City (Afrique du Sud), sur la quarantaine de membres de l’AFRAA, les huit compagnies les plus importantes ont réalisé, pour le compte de l’exercice 2004, un bénéfice de 200 millions de dollars US.

Parmi ces compagnies aériennes, trois sont d’Afrique australe (South African Airways, Air Namibia et Air Botswana), deux d’Afrique de l’Est (Ethiopian Airlines et Kenya Airways), deux d’Afrique du Nord (Egyptair et Royal Air Maroc) et une de l’Océan indien (Air Mauritius).

Aucune compagnie aérienne d’Afrique de l’Ouest ne figure sur la liste, bien qu’elles aient contribué ces dernières années à développer le trafic entre les capitales de la région. Air Sénégal International, Bellview, Air Ivoire et Air Burkina ont été citées par le rapport parmi les compagnies ouest-africaines ayant déployé d’intenses efforts pour suppléer l’absence de Air Afrique.

En revanche, le tableau des trafics à l’intérieur du continent mentionne les liaisons Dakar-Abidjan et Accra-Lagos parmi les plus régulières. C’est ainsi que la fréquence des vols sur l’itinéraire Accra-Lagos (65 vols par semaine) dépasse celle de l’itinéraire Johannesburg-Gaborone (61 vols par semaine) suivie de Johannesburg/Capetown-Windhoek/Maseru (43) Nairobi-Entebe et
Nairobi-Dar-es Salaam (35).

On comprend donc pourquoi les spécialistes de l’industrie du
transport aérien en Afrique estiment qu’il existe encore suffisamment de place dans le ciel africain, particulièrement en Afrique de l’Ouest où les compagnies de taille moyenne, ne semblent pas maîtriser les demandes de plus en plus croissantes en transport de passagers.

Le besoin d’une compagnie régionale ouest-africaine

L’exemple de passagers laissés en rade, comme ce fut le cas le week-end dernier à Dakar et à Lomé, des usagers d’Air Sénégal International, illustre la faible capacité des compagnies ouest-africaines à faire face aux besoins de transports au sein de la région.

La création d’une compagnie régionale ouest-africaine pour laquelle travaille un groupe de banques régionales, sous l’instigation d’Ecobank et de la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC), semble retenir l’attention, non seulement des usagers, mais également des compagnies créées sur les cendres de Air Afrique ainsi que des transporteurs européens friands de monopole sur le ciel africain.

« Je pense qu’il y aura de la place pour tout le monde », rassure M.Gervais Koffi Djondo, président de la Société de promotion de la compagnie aérienne régional (SPCAR), structure de gestion du projet, qui explique : « Le capital social de la compagnie restera ouvert aux compagnies aériennes nationales. Nous aurons, le moment venu,
l’occasion de rencontrer toutes ces compagnies pour en discuter ».

Les initiateurs du projet ne semblent pas lésiner sur les moyens, offrant aux privés africains l’opportunité d’exprimer leur savoir-faire dans le secteur du transport aérien, instruits en cela par les facteurs d’échec d’Air Afrique.

Aussi ont-ils choisi de confier la mise en oeuvre du projet à des managers qui ont fait leurs preuves dans le domaine du business en Afrique. C’est ainsi que la présidence de la Société de promotion de la compagnie aérienne régionale (SPCAR) revient au Togolais Gervais Koffi Djondo, président honoraire du Groupe Ecobank.

Ce dernier a choisi comme partenaire dans cet important challenge, un magnat sud-africain des finances et de l’investissement, M. Sipho Mseleku, PDG des Chambres de commerce et d’industrie de la SADC (ASCCI), PDG des Chambres de commerce et d’industrie de l’Afrique du Sud (« CHAMSA ») et président de Sakhumnotho Group Holdings.

Un tel partenariat traduit les ambitions de la future compagnie ouest-africaine qui entend « assurer
progressivement des services aériens à tous les pays africains (…) et collaborer avec toutes les compagnies aériennes africaines existantes, afin de consolider l’industrie du transport aérien en Afrique ».

Une réelle volonté politique

La confirmation de l’accord de Sandton, intervenue mercredi à Lomé entre M. Djondo et M. Mseleku, ouvre à la nouvelle
compagnie le ciel des quatorze pays membres de la Communauté
pour le Développement de l’Afrique australe (SADC en Anglais), et la met, par la même occasion, en compétition avec la moitié des huit compagnies les plus performantes du continent.

Mais la nouvelle compagnie ouest-africaine devra s’armer
d’arguments à la mesure de son ambition, lorsqu’on sait que
plusieurs pays africains n’offrent que très peu de facilités à la mise en application de la Décision de Yamoussoukro stipulant un espace unique libéralisé pour les compagnies africaines.

Malgré tout, Gervais Koffi Djondo se veut rassurant : « en ce qui concerne la compagnie aérienne à créer, il s’agit d’abord d’une volonté politique que nos Etats ont manifestée à travers les différentes résolutions de leurs réunions de Brazzaville, Abuja, Niamey, Dakar et Yamoussokro », a-t-il souligné lors d’une interview accordée au Magazine « Ailes d’Afrique ».

« Je reste convaincu que nos dirigeants sont sensibles au vide créé par l’absence d’une compagnie qui fonctionnait bien ainsi qu’à la détresse humaine causée par la disparition de Air Afrique. Plus de 4.000 salariés envoyés en chômage, c’est énorme pour la sous-région. Aujourd’hui, je ne pense pas qu’il y ait un seul Etat qui ne soutiendrait pas un tel projet ou qui gênerait sa réalisation ».

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