Tunisie : Point de presse du porte-parole du Quai d’Orsay


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Drapeau de la Tunisie
Drapeau de la Tunisie

2 – SITUATION EN TUNISIE

La France condamne avec la plus grande fermeté les bandes criminelles qui sévissent en Tunisie et ceux qui les soutiennent avec l’espoir vain de remettre en cause les changements intervenus de manière constitutionnelle.

Nous saluons le civisme exemplaire de la population tunisienne, qui garde son calme, se mobilise pour que la vie normale reprenne son cours le plus vite possible et a mis en place, conformément à l’appel du Premier ministre, dans tous les quartiers sensibles des dispositifs citoyens de sécurité.

Nous encourageons les responsables politiques à conforter au plus vite le processus de transition en annonçant sans tarder la formation du nouveau gouvernement.

Question – La France a été très critiquée pour avoir ménagé le régime Ben Ali, pour s’être montré très prudente, et Mme Alliot-Marie est particulièrement critiquée pour avoir proposé une coopération en matière sécuritaire aux forces de sécurité tunisiennes. Que répondez-vous à ces critiques ? Quel soutien peut apporter la France aux efforts en cours pour la formation d’un gouvernement d’union nationale ? Mme Alliot-Marie a-t-elle eu des contacts avec les autorités de transition ?

Réponse – Le ministre d’Etat a été très claire hier dans son entretien avec le Journal du Dimanche où elle a rappelé : «les principes constants de notre politique internationale sont la non-ingérence, le soutien à la démocratie et à la liberté, l’application de l’Etat de droit. (…) Ne pas faire d’ingérence ne nous empêche pas d’appeler partout dans le monde au respect de la démocratie et à un exercice démocratique des institutions. (…) La France réagit toujours en fonction des principes que je viens de vous énoncer nous avons dit ce que nous avions à dire, sans ingérence, nous prenons acte de la situation nouvelle, et nous disons très fermement que l’aspiration des Tunisiens à plus de démocratie et à plus de liberté ne pourra être satisfaite que si des élections libres sont organisées dans les meilleurs délais».

S’agissant de la coopération en matière sécuritaire, Mme Alliot-Marie a souligné dans le même entretien : «Je suis consternée quand je vois des morts ou des blessés dans des manifestations, où que ce soit. Les forces de l’ordre françaises ont un savoir-faire reconnu pour gérer les mouvements de foule sans usage disproportionné de la force. Il y avait en Tunisie des tirs à balles réelles, des morts. Pour que de telles situations ne se reproduisent pas dans l’avenir, j’ai donc dit que nous étions prêts à aider, à former les forces de l’ordre tunisiennes comme nous le faisons pour d’autres pays, au maintien de l’ordre en veillant à la préservation des vies».

Le ministre d’Etat se tient informée en temps réel et dans le détail de l’évolution de la situation.

3 – MOBILISATION DES SERVICES DU MINISTERE EN FAVEUR DES FRANCAIS RESIDENTS ET DE PASSAGE EN TUNISIE

Depuis le début des événements en Tunisie, l’ensemble des services du ministère des Affaires étrangères et européennes se sont mobilisés afin d’assurer la meilleure information possible et la protection consulaire aux Français résidents et de passage en Tunisie.

Nous rappelons que la communauté française représente près de 30.000 résidents dont 21.300 sont inscrits auprès des services consulaires.

A Paris, le Centre de crise du ministère a mis en place un dispositif exceptionnel spécifiquement consacré au suivi de la situation en Tunisie et plusieurs réunions interministérielles de crise y ont été organisées.

En Tunisie, tout au long des événements, l’ambassadeur et ses services ont maintenu un contact permanent avec les correspondants de sécurité au sein de la communauté française. Cet effort se poursuit et nous travaillons ensemble pour identifier les problèmes sécuritaires de notre communauté et pour faire passer des consignes ou des demandes de recherches.

Les conseillers à l’Assemblée des Français de l’étranger ainsi que les responsables des principales associations de Français de Tunisie ont été constamment informés par l’ambassade de l’évolution de la situation et ont participé activement au dispositif mis en œuvre au profit des Français résidents et de passage.

Dès les premiers troubles à l’ordre public, le consulat général a ouvert une cellule téléphonique de crise active 24 heures sur 24 avec un numéro unique et une quinzaine d’agents qui a reçu plus de 5 000 appels.

Le site Internet du consulat a immédiatement diffusé des conseils pratiques de sécurité, des informations notamment sur la fermeture des écoles, le couvre-feu, les mouvements d’avions, l’arrivée du navire SNCM Casanova pour une opération d’évacuation.

Deux équipes d’agents consulaires ont été déployées à l’aéroport 24 heures sur 24 et au port de la Goulette pour aider à l’embarquement de nos compatriotes désireux de quitter la Tunisie.

Un de nos compatriotes, Hatem Bettahar, professeur à l’Université de Compiègne est décédé mercredi à Douz. Un autre de nos compatriotes, Lucas Mebrouk Dolega, photographe de l’agence EPA grièvement blessé vendredi à Tunis par un tir de grenade lacrymogène, est toujours dans un état extrêmement critique. Nous sommes en contact avec leur famille ainsi qu’avec les autorités tunisiennes afin d’établir les circonstances des violences dont ils ont fait l’objet.

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