Tunisie : les détenus salafistes livrent des secrets, le parti Ennahda se divise


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Les dernières révélations de détenus salafistes en Tunisie à la suite des affrontements de ce dimanche 19 mai commencent à fournir des éléments importants pour les services de renseignement tunisiens. Dans un contexte politique très tendu, marqué par une division inouïe au sein du parti au pouvoir Ennahda, la montée en puissance du terrorisme constitue, pour les autorités tunisiennes, une véritable épée de Damoclès.

Les détenus salafistes passent aux aveux. A la suite de violents affrontements entre salafistes et forces de l’ordre ce dimanche à Ettadhamon, dans la banlieue de Tunis, les arrestations et les redditions s’enchaînent ces derniers jours. En pleine crise idéologique entre Ennahda et salafistes d’Ansaar al-Sharia, dirigés par l’imam Abu Iyadh, de nouvelles révélations sont mises à nues. Des révélations terrifiantes d’une Tunisie en proie à une montée inédite du Djihadisme.

Des témoignages inédits

Les premières interrogations commencent déjà à porter leurs fruits, car elles révèlent des informations cruciales pour l’actuel régime en place. Sous la pression des services secrets de renseignement tunisiens, des détenues d’Ansar al-sharia finissent par craquer et confirment la présence de 7 centres de formation destinés à accueillir de nouveaux recrus du salafisme radical.

Des recrus qui, selon les témoignages des détenus, doivent adopter les valeurs de Ben Laden et d’Al-Qaïda. Les sept centres sont répartis dans les villes suivantes : Kasserine, Ben Guerdane, Médenine, Bizerte, Jendouba et Kairouan.

Ennahda divisé, les salafistes réconfortés

La Tunisie est en état de guerre contre le terrorisme. Après des jours de violents affrontement au Mont-Chaambi entre militaires tunisiens et salafistes radicaux, le gouvernement tunisien actuel, avec à sa tête, Ali Laarayedh, se montre impitoyable. Le gouvernement tente d’utiliser les meilleurs moyens et se dit prêt pour la guerre avec les salafistes. Mais ses détracteurs voient le contraire.

Ce mardi 21 mai, c’est la réaction de Samir Dilou, ministre tunisien des Droits de l’homme et de la justice transitionnelle, qui prend de court le pays tout entier. Le ministre déclare que le gouvernement est responsable de la montée en puissance des salafistes et des imams extrémistes. Il souligne le laxisme du gouvernement actuel et de son manque de courage. « Le principal défi à venir est la montée de la violence salafiste. Il est difficile d’affronter des groupuscules qui n’acceptent ni la loi, ni le principe même de l’Etat. Le gouvernement a été laxiste », a-t-il lancé.

AQMI en renfort aux salafistes

Au moment où la classe politique se divise, le mouvement salafiste, lui, s’organise et reçoit même le soutien d’un partenaire de taille : AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique). Dans une vidéo postée ce mercredi, AQMI réagit par rapport à l’interdiction de la tenue du Congrès d’Ansar al-Sharia par le gouvernement d’Ennahda. Un gouvernement qu’il accuse de servir les intérêts de l’ennemi occidental. En première ligne, les Etats-Unis et la France.

Entretemps, les enquêtes pour déterminer les véritables meneurs des incidents d’Ettadhamon se poursuivent et les redditions se multiplient. Ce mardi, un communiqué du ministère tunisien de l’Intérieur, précise qu’un extrémiste salafiste recherché s’est présenté de son propre gré au service de l’ordre. Selon Businesstunisie.com, l’homme est âgé d’une quarantaine d’années et est imam à la mosquée d’Hammam-Lif, ville côtière de la banlieue sud de Tunis.

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