
Le 4 juin 2025, Donald Trump a rallumé une mèche diplomatique déjà bien connue : celle du « travel ban ». Par décret présidentiel, les États-Unis ont réinstauré une interdiction d’entrée pour les ressortissants de douze pays, dont sept africains. Parmi eux, le Tchad. À N’Djamena, la réaction n’a pas tardé : loin de la soumission attendue, c’est une réponse fière, tranchante et assumée qui a été formulée.
Mahamat Idriss Déby, président tchadien, a décidé de suspendre l’octroi de visas aux citoyens américains. Une réplique fondée sur le principe de réciprocité, mais surtout portée par un discours d’une rare force symbolique.
Une gifle politique drapée dans la dignité
Alors que Washington invoque des « déficiences » dans les contrôles de sécurité et la gestion des visas, le Tchad, lui, renvoie la balle avec panache. Le président Déby a affirmé sur les réseaux sociaux que le Tchad n’a pas la capacité d’offrir des avions ni de distribuer des milliards de dollars, mais qu’il conserve toutefois sa dignité et sa fierté. Cette formule, devenue virale, reflète la posture diplomatique du pays, celle d’un État qui, malgré sa modestie économique, refuse la stigmatisation. Elle met en évidence la volonté du Tchad de préserver sa dignité sur la scène internationale.
L’effet domino : entre indignation et diplomatie en suspens
La réplique tchadienne a immédiatement résonné à l’échelle continentale. Tandis que l’Union africaine exprimait sa « profonde préoccupation », plusieurs pays visés, comme la République du Congo, cherchaient à minimiser leur inclusion. Ils évoquaient un simple malentendu pour justifier leur position. D’autres, comme la Sierra Leone, tentaient une approche plus conciliante en promettant de collaborer avec Washington. Mais l’écho du Tchad, plus frontal, pourrait inspirer d’autres ripostes similaires et transformer cette affaire en bras de fer diplomatique.
Une fracture africaine dans les relations avec Washington
Le retour du « travel ban » n’est pas anodin. Il symbolise, pour nombre d’observateurs, une fracture persistante dans les relations entre les États-Unis et l’Afrique. Certes, la sécurité nationale est un argument, mais la sélection des pays visés, et ceux épargnés comme l’Égypte, pourtant concernée par une attaque récente sur le sol américain, laisse planer le doute sur des logiques à géométrie variable. À N’Djamena, comme ailleurs, l’heure n’est plus à l’attente docile : l’Afrique entend défendre son image et son intégrité.
Le Tchad, petit par la taille, grand par l’attitude
La puissance militaire et la richesse économique ne sont pas les seuls éléments qui façonnent le respect sur la scène internationale ; le courage politique y joue aussi un rôle. Dans un contexte souvent déséquilibré, la déclaration du président Déby met en avant la souveraineté et la dignité du pays.