Toups Bebey : l’esprit d’Afrique en fanfare


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Drapeau du Cameroun
Drapeau du Cameroun

La troisième formation du trublion des musiques d’Afrique rend hommage aux fanfares noires d’Afrique et des Caraïbes. Des compositions pleines de saveurs à déguster sans modérations.

Au pas camarade ! Et en fanfare. Tels pourraient être les maîtres mots du petit dernier du compositeur-saxophoniste d’origine camerounaise, Toups Bebey : le Spirit Pan African Brass Company. Dilettante au sourire charmeur, le fils de Francis Bebey (musicien mythique qui est au Cameroun ce que Fela est au Nigeria) a déjà assis sa réputation de virtuose touche-à-tout en cornaquant la formation ethno-jazz, Paris Africans, et le PACT(P. African Cosmic Tone) mêlant la musique électronique aux rythmes et mélodies traditionnelles.

Avec le Spirit Pan African Brass Company l’homme rend hommage aux parades africaines et caraïbes qui rythment chacun des grands moments de la vie sociale. Les fêtes et les carnavals, les défilés, les fêtes de quartier bien sûr, mais aussi les impondérables que sont les mariages, les naissances, les enterrements etc..

Jouer comme on respire

 » Je ne connais pas l’origine de ce phénomène. Tout ce que je sais, c’est que mon père qui a 70 ans a toujours vu et entendu des fanfares, reconnaît Toups Bebey en arrachant à belles dents des lambeaux de sandwich. Cet esprit festif où s’agrègent spontanément les énergies créatives des un et des autres, c’est cela l’esprit panafricain que j’ai voulu recréer et transférer sur le cosmopolitisme parisien. Au Cameroun pour ne citer que ce pays où cohabitent des centaines de langues différentes, le mot  » musique  » n’existe pas, car on y joue comme on respire. Seul le terme de  » musiki  » y est employé, et c’est une importation « .

L’heure  » h  » du concert n’est pas loin de sonner. Au sous-sol de l’Olympic Café (Paris) l’attendent ses musiciens. Crée à l’occasion du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, en 1998, le Spirit Pan Africans Brass Company célèbre ce lien, jadis tragique, aujourd’hui piquant, entre l’Afrique des origines et la diaspora caraïbe.

L’occasion est trop belle pour revisiter les standards de la musique noire à la sauce orphéon : du traditionnel  » makossa  » au high-life ghanéen, en passant par le soukouss et ses cousines antillaises que sont la soca, la biguine et la sensuelle calypso.

En fanfare, donc, les percussionnistes s’affairent à s’en rompre les phalanges, les joues des trombonistes s’arrondissent, gonflées par le souffle épique d’arrangements savamment ciselés. Au pas, camarades : car les compositions du maestro ne laissent pas de place aux improvisations :  » Tout ce tu as entendu a été écrit, assume l’intéressé. L’amitié et le respect sont les piliers des relations que j’entretiens avec les musiciens. Je suis ouvert aux suggestions mais pour me convaincre il faut de sacrés arguments « .

Un chef d’orchestre pour qui la fonction de leader est plus qu’un rôle de composition.

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