Théophile Kouamouo, un « blogbattant » en Terre d’Eburnie


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En Afrique, comme partout, le blog fait des émules. Le virus du blog a fait une autre victime, le journaliste camerounais Théophile Kouamouo, fondateur de la communauté ivoirienne de blogueurs Ivoireblog. Portrait express d’un « blogbattant ».

A 31 ans, le journaliste d’origine camerounaise Théophile Kouamouo a crée en 2007 la première communauté de blogueurs en Côte d’Ivoire, Ivoireblog, le blog africain francophone. Elle compte « une centaine de membres actifs », explique ce fervent adepte du bloc-notes sur la toile qui a trouvé dans ce médium « une forme d’écriture plus libre ». Cette liberté, il la savoure pleinement sur son blog d’informations, Le blog de Théophile Kouamouo. « Au Courrier d’Abidjan (dont il fut le rédacteur en chef), mes lecteurs souhaitaient des chroniques plus récurrentes, plus d’interactivité, j’ai donc décidé d’animer un blog sur le site du journal pour les fidéliser.» Son aventure de blogueur se poursuivra sur Afrikblog, avant la création de sa propre communauté. « Communauté », un concept clé qui participe à l’attraction du journaliste pour cette nouvelle forme d’expression. Il est notamment l’un des contributeurs de celle qui est la plus connue sur le net français, Agoravox.

« Le blog, analyse Théophile Kouamouo, ancien collaborateur de journaux panafricains comme L’Autre Afrique, aujourd’hui disparu, libère de l’angoisse de la page blanche. Il décomplexe, les gens te donnent leur avis, il y a une interactivité qui te rend moins seul. Le blog, c’est l’expression participative ». Cependant, déplore ce blogueur désormais invétéré, « le phénomène reste encore limité en Côte d’Ivoire. Peu d’artistes par exemple ont des pages Myspace alors que c’est un formidable outil de promotion ». Quarante pour cent des internautes qui consultent Ivoireblog le font de la France, 30% de la Côte d’Ivoire. « Le blog est pourtant un  » état d’esprit « qui nous est familier. Quand j’étais petit, les filles avaient leur journal intime qu’elles faisaient circuler entre amies, ce qui est comparable au blog aujourd’hui. Je suis d’ailleurs très intéressé par le développement des blogs féminins. Le blog me fait aussi penser à ce journal mural que l’on avait quand j’étais au lycée et où figuraient les dernières informations concernant la vie de l’établissement ».

Le blog, un « état d’esprit » africain

Correspondant du Monde en Côte d’Ivoire, un poste dont il a démissionné parce que son rédacteur en chef d’alors Stephen Smith [[Chef du département Afrique du journal]], avait réécrit son article sur la crise ivoirienne tout en maintenant sa signature en 2002, Théophile Kouamouo aime dire ce qu’il pense. « Le blog est la nouvelle arme du journaliste, estime-t-il. La richesse de cette profession se trouve renforcée avec les blogs. Rue 89 n’est autre que la communauté de journalistes blogueurs. Le travail du journaliste devient plus intéressant parce que les sources d’information se multiplient. Publier l’information, la plus vraie possible, afin que le citoyen puisse se faire une idée objective de la situation, est un nouveau défi. Le lecteur n’est plus un simple lecteur, et le journaliste est obligé d’être à son écoute. Le quotidien français Libération, qui pense être une référence quand il s’agit de l’Afrique, modère a fond sur cette thématique parce qu’ils disent beaucoup de choses fausses qui sont relevées par les forumistes, les blogueurs. ».

ivoireblog.jpg« Vous rêvez comme moi d’une Afrique digne, indépendante et imaginative ? Marchons d’un même pas » n’est autre que le slogan inscrit en tête du blog de Théophile Kouamouo. En se donnant, ainsi qu’à d’autres par le biais d’Ivoireblog, l’opportunité de partager la vie de ce continent, le journaliste espère rétablir un certain équilibre. Seul défaut peut-être de l’auteur de La France que je combats et La Recolonisation de l’Afrique – le cas de la Côte d’Ivoire, publié aux Editions Le Courrier d’Abidjan, son impatience. Théophile Kouamouo trouve « dommage » que le « que le web 2.0 ne soit pas encore une réalité en Afrique ». Une situation que ce « blogbattant » participe pourtant activement à faire évoluer.

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