The Roberta Martin Singers, groupe-phare du Gospel aux USA des années 40 à 60


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The Roberta Martin Singers

La maison de disques Frémeaux & Associés, spécialisée dans la compilation des traditions musicales du monde entier, vient d’éditer un coffret de 3 CDs consacré à l’un des plus célèbres groupes de Gospel aux Etats-Unis : les Roberta Martin Singers, du nom de la fondatrice de cette chorale. Un groupe qui vendit plus de 6 millions de disques, et une compositrice afro-américaine de génie, Roberta Martin, restée trop peu connue du grand public international.

Roberta Martin (1907-1969) était une petite fille douée pour le piano : elle commença l’apprentissage de cet instrument à l’âge de 6 ans, et à 15 ans, elle était tellement avancée que certains lui suggérèrent d’envisager une carrière de concertiste – guère aisée pourtant dans une Amérique où régnait encore la ségrégation…

Mais Roberta se contenta d’accompagner au piano la chorale de son église, une église baptise de Chicago. Là, elle forma d’abord, en 1933, un petit chœur masculin de 4 voix, qu’elle dirigea, avant de créer, en 1935, une formation mixte, hommes et femmes mêlés, ce qui était rare à l’époque car la plupart des chœurs Gospel étaient masculins, et qu’elle baptisa de son nom – Roberta Martin Singers.

Cette chorale chantait les grands standards du Gospel, mais aussi les propres compositions de Roberta Martin : on lui doit quelque 70 chants sacrés. Et le groupe se hissa dans les années 40 et 50 au rang de vedette aux Etats-Unis, effectuant des tournées dans le pays, et vendant au total plus de 6 millions de disques ! Preuve de l’immense popularité du groupe, et de sa fondatrice-chef de chœur : quelque 50 000 personnes se pressèrent aux funérailles de Roberta Martin, lorsqu’elle disparut, en 1969…

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Comme tout le répertoire Gospel, les chansons de ce triple album sont des chants de louanges et de prières : « He is all I need », « Jesus », « Oh Lord stand by me »,… ». Mais d’autres chants peuvent être rangés dans la catégorie « Positive Thinking », dans la pure tradition des églises baptistes et évangéliques américaines : « He’ll make you happy », « Since I met Jesus », « I’m determined », « All things are possible »,… Voilà sans doute qui nous aide à comprendre l’énorme engouement pour le Gospel, en France et dans d’autres pays aujourd’hui, et, au-delà, peut-être, le succès des églises évangéliques dans le monde, où la musique, les chants joyeux, et le rythme, font partie intégrante des liturgies ?

Les Afro-Américains, du Nord ou du Sud, ont eu en tout cas l’intelligence de ne prendre des traditions musicales et culturelles « blanches » que le meilleur : et pour les chants d’église, ils ont privilégié les chants de joie, plutôt que les chants de tristesse. Transformant même des chants de tristesse… en chants de joie ! Comme le célèbre « Nobody knows the trouble I’ve seen », tube mondial immortalisé par Louis Armstrong,  et qui devient dansant et jazz avec les Roberta Martin Singers…comme avec d’autres groupes de Gospel sans doute…

« Jésus, que ma joie demeure ! » chantait aussi, dans le même registre, Jean-Sébastien Bach…

À noter : l’excellent livret de plusieurs pages qui accompagne le disque, rédigé par Jean Buzelin, spécialiste du Gospel et auteurs d’ouvrages sur le sujet.

Singer Roberta martinPour acheter le disque : THE ROBERTA MARTIN SINGERS, 1947-1962, Frémeaux & Associés

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